« Rends l’ISF d’abord ! » Ce que l’on ne veut pas nous dire




Le 25 Janvier 2019, par La Rédaction

L’impôt de solidarité sur la fortune est devenu le symbole de la contestation des Gilets Jaunes. Cet impôt, quasiment inexistant ailleurs dans le monde, serait à l’image de la politique fiscale du président qui aurait pour activité favorite de voler les pauvres pour enrichir les fortunés. Un peu de sérieux et d’analyse révèlent tout autre chose.


La raison d’être de l’impôt
L’impôt sert d’abord à faire fonctionner les institutions du pays. La santé, l’éducation, la justice, les infrastructures etc. Or tout cela a un coût élevé. Les impôts existent donc pour le financer et ils s’appliquent à des endroits (très) variés : TVA, impôt sur le revenu, impôts fonciers, impôts sur les sociétés... Ne pouvant pas faire peser le poids fiscal de la même manière sur les épaules de tous, le système français est progressif. Pour être clair, plus on est riche plus on paye. Et, malgré les slogans faciles et démagogues, cela reste évidemment vrai en France puisque 10% des ménages paient 70% de l’impôt sur le revenu et 2% des foyers en payent 40,6%. La France se vante, à raison, d’avoir un système de solidarité important et une politique fiscale très redistributive. Résultat : les écarts de revenus entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres passent de 7 à 2,5 grâce à l’impôt progressif. Difficile de faire mieux !
De plus quelle que soit sa situation en France on continue d’avoir un accès gratuit à la santé, l’éducation, la justice et la protection (police, pompier, SAMU etc.). Avec un peu de recul historique il est aisé de voir que la situation d’un Français aujourd’hui, même modeste, est meilleure que la plupart des êtres humains ayant un jour vécu sur terre et cela ne se mesure pas uniquement à ce qui reste sur le compte en banque à la fin du mois.

L’ISF : l’impôt idéologique
Mais voilà, en politique les calculs justes et raisonnables ne suffisent pas pour se faire élire. Pour cela rien ne vaut la démagogie et la division. Rien ne vaut la politique du bouc émissaire pour exciter la foule. « Vous voulez plus ? Prenons aux riches ! » Qui oserait contredire cela ? Qui va expliquer que l’ISF fait perdre de l’argent au pays et fait fuir les investissements ? Avec 4% du PIB mondial, la France produit 20% des millionnaires en exil du monde et près de 800 ménages quittent le pays chaque année. D’après l’économiste Patrick Artus, pour rapporter entre 3 et 5 milliards de recette par an, l’ISF coûte plus du double en TVA non perçue. On pourrait continuer l’argument en disant qu’un autre économiste Éric Pichet (ni millionnaire ni particulièrement macroniste) a estimé que l’ISF provoque un manque à gagner pour l’Etat de 7 milliards d’euros annuellement, soit le double des recettes de l’ISF en 2007. Une étude de la Fondation Concorde au titre éloquent (L’ISF, une blessure grave pour notre économie), montre quant à elle que près de 360 milliards d’euros ont été perdu depuis 20 ans du fait de cet impôt absurde.

François Ruffin, député de la France Insoumise, hurlait dans l’hémicycle en novembre 2018 : « Rendez l’ISF d’abord ! » Merci monsieur Ruffin, c’est exactement ce que la réforme de l’ISF cherche à faire ! Rien n’est parfait évidemment et notre système mérite amplement d’être réformé. Mais avec de tels slogans simplistes et contre productifs, le débat politique est pollué, la jalousie exacerbée et le peuple qui souffre devient alors une foule en colère.