Royaume-Uni : les 70.000 chauffeurs Uber sont désormais des travailleurs salariés




Le 18 Mars 2021, par Aurélien Delacroix

C'est une victoire de taille pour les chauffeurs Uber : les 70.000 conducteurs de la plateforme au Royaume-Uni sont devenus des travailleurs salariés. Une décision qui pourrait faire tache d'huile ailleurs en Europe.


Bataille juridique perdue

En février, Uber perdait une bataille juridique devant la Cour suprême britannique, qui a jugé que les chauffeurs de la plateforme devaient être considérés comme des « travailleurs » pouvant prétendre à des avantages sociaux. Afin de s'éviter une pluie de plaintes de groupes de chauffeurs, et suite à une concertation avec ses conducteurs, Uber a donc sauté le pas, une première dans le monde : les 70.000 chauffeurs britanniques, des travailleurs indépendants jusqu'à présent, sont désormais des travailleurs salariés

Les chauffeurs Uber bénéficieront de congés payés, ils pourront cotiser à un plan d'épargne retraite qui sera abondé par l'entreprise, et ils toucheront au moins le salaire minimum. Celui-ci est de 8,72 livres de l'heure, mais en moyenne un chauffeur touche 14 livres (17 livres à Londres). Ce changement de taille pour le groupe va lui coûter cher : Uber est toujours déficitaire. Mais pas question d'augmenter le prix des courses alors que la concurrence est si vive, notamment à Londres.

Tache d'huile en Europe

Uber reste toutefois un cran en dessous du statut de salariés (« employees »), plus classique et aussi plus généreux en termes d'avantages sociaux. Malgré tout, c'est une transformation en profondeur du modèle économique de l'entreprise qui s'est toujours appuyé sur les travailleurs indépendants, plus flexibles. « Uber n'est qu'une partie du secteur des réservations de voitures et nous espérons que d'autres opérateurs nous rejoindront pour améliorer les conditions de travail de ces travailleurs qui sont essentiels dans nos vies de tous les jours », explique Jamie Heywood, le directeur d'Uber pour l'Europe du Nord et de l'Est.

Ce changement sera scruté de très près par les chauffeurs des autres marchés en Europe. Les justices de plusieurs pays ont en effet pris fait et cause pour les conducteurs, comme en France l'an dernier, où la Cour de cassation a donné raison à un d'entre eux qui voulait le statut de salarié. Uber va désormais regarder dans chaque pays comment faire évoluer ses chauffeurs.


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