Sans le gaz russe, l'Europe risque de passer des hivers très rigoureux




Le 8 Mars 2022, par François Lapierre

Si l'Europe cessait de s'approvisionner en gaz russe, les vraies difficultés auraient lieu non pas cet hiver, mais à l'hiver prochain, prévient la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor.


Fortes importations russes

La guerre en Ukraine entraîne une réflexion au plus haut niveau européen, pour cesser de s'approvisionner en gaz russe. Le pays représente 40% des importations de gaz en Europe, il pèse aussi 20% des approvisionnements d'Engie. Certes, des négociations ont lieu actuellement avec d'autres fournisseurs (Algérie, Pays-Bas, États-Unis…) pour augmenter les livraisons, mais « les leviers qui sont à notre main sont d'une portée limitée », admet Catherine MacGregor, la directrice générale du géant français de l'énergie, dans une interview aux Échos.

Les autres fournisseurs ne seront pas suffisants pour « remplacer le gaz qui vient de Russie aujourd'hui », poursuit-elle. En cas de suspension des importations de gaz russe, le vrai problème ne concerne pas cet hiver, ce d'autant qu'il est plutôt clément. Ce serait plutôt « le remplissage des stockages au printemps et à l'été, en préparation de l'hiver 2022-2023 ». Sans la Russie, « il serait très difficile de trouver les volumes nécessaires et ce serait très dur en cas de conflit long en Ukraine ».

Nouveau monde pour l'énergie

Pour la dirigeante, en réalité, « nous entrerions alors dans un nouveau monde pour l'énergie, sous l'effet d'un choc physique et d'un choc de prix sans précédent qui transformerait sans doute durablement le paysage énergétique ». Dans ce contexte, il faudra trouver des solutions de court terme, comme la limitation de la demande via des mesures imposées par le gouvernement : ce serait une baisse de la consommation qui passerait par une réduction du chauffage.

Catherine MacGregor explique aussi qu'il faudrait « plafonner les prix de gros du gaz en Europe », ce qui aurait le mérite, selon elle, de « limiter les prix de l'électricité ». Sur le moyen et le plus long terme, ces mesures permettraient d'accélérer les énergies renouvelables. Mais en attendant, et sans gaz russe, les hivers risquent d'être plus rigoureux qu'auparavant.


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