Sextoy : un bien de consommation qui ne connait pas la crise




Le 9 Janvier 2014, par La Rédaction

Le timide démarrage des soldes d’hiver 2014 inquiète les commerçants français. Leur inauguration début janvier n’a en effet pas suscité l’engouement espéré auprès du public. « La ruée du premier jour a bien eu lieu, mais plus modérément que l’année passée » a par exemple commenté le Conseil national des centres commerciaux (CNCC). On entend un peu partout que la démocratisation des ventes privées capterait en amont le pouvoir d’achat des Français. Mais une question de fond subsiste : y a-t-il encore un bien de consommation qui suscite l’engouement croissant du marché ?


Un produit de masse en devenir ?

La Tour est Folle - DR www.latourestfolle.com
Après une décennie de fièvre autour de l’iPhone et des produits issus des technologies de l’information et de la communication, le marché est désormais saturé. Si bien que l’on peine aujourd’hui à identifier quel sera le marché de grande consommation de demain. Les quelques acteurs de la filière française du sextoy, eux, pensent avoir une idée sur le sujet.
 
L’association Plaisir de France, qui rassemble ces producteurs, a en effet publié des données sectorielles en septembre 2013 : le sextoy est une industrie qui pèse déjà quelque 22 milliards d’euros annuellement. Les marges de progression sont d’ailleurs si importantes que la filière pourrait, à terme, rivaliser en chiffre d’affaires avec l’industrie du smartphone ; cette dernière ayant généré en 2012 environ 50 milliards d’euros, et s’apprêtant désormais à amorcer une phase de déclin.
 
Par ailleurs, une enquête réalisée par Netétude confirme l’intuition des producteurs français de jouets coquins : alors que seulement 22 % des Français reconnaissent avoir acheté ce type de produit dans l’année, 58 % admettent leur intérêt pour ces jouets particuliers. « Il y a une volonté d’achat qui est importante car les produits sexy sont de plus en plus sympathiques aux yeux du consommateur », conclut Vincent Lequeux, DG de la boutique en ligne SexyPrivé et commanditaire de l’étude.

Briser les tabous :

En France, le marché est encore naissant, les produits peu distribués et les producteurs mal identifiés. Pour vendre des sextoys en France, « il faut avoir envie de jouer le jeu et de contribuer à l'évolution des moeurs », explique Anne-Charlotte Desruelle, fondatrice de SoftParis qui crée et commercialise des jouets et pièces de lingerie coquine. A l’étranger pourtant, les produits français ont la cote. Les équipes des Charlotte Desruelle ont par exemple eu l’agréable surprise en décembre dernier de voir que Beyoncé avait posé dans un body de velours issu de leur cru à l’occasion du tournage du clip de son dernier single intitulé Haunted.
 
Patrice Catanzaro créateur de lingerie et d’accessoire enregistre pour sa part 70 % de son chiffre d’affaires à l’export. Il est convaincu du potentiel français dans cette industrie : « Certes, le pouvoir d’achat baisse, mais on commence à s’apercevoir que la qualité médiocre oblige à racheter régulièrement », explique-t-il dans les colonnes de 20 Minutes, « des boutiques qui vendaient des produits chinois depuis dix ans reviennent vers nous ».
 
Ce credo ne manque d’ailleurs pas d’inspirer de nouveaux entrants sur le marché, comme Sébastien Lecca, artiste plasticien, qui a conçu « la Tour est folle », un sextoy Made in France en forme de Tour Eiffel lancé début 2013. Tout le monde y avait pensé, il l’a fait. « Nous voulons nous appuyer sur l’image de la France pour exporter », avance-t-il à son tour. Mélange d’humour et de design, le sextoy à la française pourrait bien rompre les tabous avec légèreté et contribuer ainsi au développement d’un marché nouveau et suffisamment dynamique pour devenir un marché de masse. Une aubaine que les commerçants n’ont plus qu’à saisir.