Superprofits : les Français veulent les taxer, pas le gouvernement




Le 25 Mars 2024, par Paolo Garoscio

Avec un déficit public qui a dérapé en 2023 et pourrait atteindre 5,6 % contre 4,9 % initialement prévus, la France est de plus en plus face au mur de sa dette. Le gouvernement cherche donc à faire des économies, mais les Français savent où trouver l’argent : chez les plus riches.


La dette française : un mur qui grandit

La France fait face à une situation économique préoccupante, avec une dette qui s'envole et un déficit public qui se creuse. Et désormais le risque de voir la note souveraine de l’Hexagone perdre son double A, après avoir perdu son triple A durant les années 2010. En réponse, le gouvernement a annoncé un plan d'austérité visant à réaliser d'importantes économies.

Cependant, cette stratégie est mise à l'épreuve par la protection des superprofits des entreprises, notamment des énergéticiens et du CAC 40, par l'exécutif. Ces entreprises ont versé plus de 400 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires sur trois ans, un montant record qui soulève des questions sur leur contribution à l'effort collectif.

Le débat sur les superprofits est relancé

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a ravivé le débat sur la nécessité de taxer davantage ces profits exceptionnels. Cette proposition, bien que rejetée par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, trouve un écho favorable chez une large partie de la population française. Un sondage de Libération publié le 25 mars 2024 révèle que 65% des Français soutiennent une taxation temporaire des superprofits, tandis que 52% se prononcent en faveur d'un retour de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF), remplacé sous l'ère Macron par l'IFI, plus ciblé sur l'immobilier et qui rapporte moins.

Alors que le gouvernement privilégie la stabilité fiscale et économique, sans opter pour une fiscalité exceptionnelle sur les superprofits, excepté pour la Contribution sur la Rente Inframarginale (CRI) qui frappera les énergéticiens, les citoyens expriment une volonté de justice fiscale. Car pour une large majorité d’entre eux, la fiscalité est injuste : ils sont 75% à le penser, selon le sondage publié par Libération.