Télécoms : Bouygues (Martin) déclare la guerre à Free (Xavier Niel)




Le 19 Décembre 2013, par

Brans-le-bas de combat sur les réseaux : Dans une interview au Figaro daté de vendredi 20 décembre, Martin Bouygues annonce qu'il va couper les vivres à Xavier Niel en cassant les prix dans l'Internet fixe. Ambiance !


"Dans l'Internet fixe, la fête est finie […] Bouygues Télécom va offrir une vraie rupture en 2014, avec des technologies et des services innovants. Nous allons faire faire 150 euros d'économie par an aux abonnés du fixe qui choisirons ce service ce qui fait une économie de 12,5 euros par mois. Qui dit mieux ? Que Xavier Niel fasse la même chose s'il en est capable ?". Voilà ce que déclare Martin Bouygues dans une interview exclusive - et rentre dedans - au Figaro. Le fait que le quotidien appartienne à un industriel, Dassault, qui dépend en grande partie de la commande publique comme Bouygues n'a évidemment rien à voir avec le choix du support, ce serait médisant de le supposer et nous ne le ferons pas.

Le ton est en tout cas donné : Martin Bouygues sort la grosse Bertha et est bien décidé à reprendre sa place de troisième opérateur qui dérange, celle qu'il avait acquise de main de maître en 1997 en lançant les premiers forfaits mobiles, quand Itinéris, l'ancêtre d'Orange, et SFR, vendaient encore les communications à 1 franc la minute. Pour cela, Bouygues Télécom, à en croire Martin Bouygues, va proposer de nouveaux abonnements à l'Internet fixe qui viendraient concurrencer l'offre de Free, aujourd'hui rappelons le à 29,99 euros qui est devenu le tarif de référence du marché. 

De deux choses l'une : soit Bouygues Télécom envisage de casser le prix du forfait Internet de base, ce qui semble impossible alors même que Martin Bouygues admet lui même que ses marges sont inférieures à 20 %. Il vendrait alors à perte. Soit, plus probable, Bouygues Télécom en proposera plus pour le même prix l'an prochain, se "refusant" de facturer certains nouveaux services (lesquels) payants chez les concurrents.

En tout cas Martin Bouygues n'est pas tendre avec Xavier Niel. Il lui reproche sa conception de la liberté de la presse -"quand les journalistes m'emmerdent je prends une participation dans leur canard et après ils me foutent la paix" dixit Niel-, et se moque de sa fortune personnelle, "passée de 3 à 6 milliards d'euros", exactement les arguments déployés voici quelques jours par Stéphane Richard, le patron d'Orange. 

2014 risque donc d'être saignant dans l'univers des télécoms, ce qui a d'ailleurs fait dire à Arnaud Montebourg, jeudi 19 décembre, qu'il "risquait d'y avoir un mort". Pas faux ! 


Jean-Baptiste Giraud est journaliste économique, passé par Radio France, BFM, LCI, TF1 et… En savoir plus sur cet auteur