TotalEnergies a-t-elle profité du gaz liquéfié russe ?




Le 4 Juillet 2023, par François Lapierre

TotalEnergies et Shell sont visés par une ONG concernant leur rôle dans le commerce du gaz naturel liquéfié russe. Selon Global Witness, les profits tirés de cette activité contribuent indirectement au financement du conflit en Ukraine.


Le financement indirect de la guerre en Ukraine par le commerce du GNL russe

Selon le rapport de l'ONG britannique Global Witness, les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe ont permis de générer une valeur estimée à 21 milliards de dollars en 2022, des fonds qui contribuent, de fait, au financement du conflit en Ukraine. Le document accuse spécifiquement Shell et TotalEnergies d'avoir réalisé des bénéfices considérables grâce à la commercialisation de ce gaz. Shell aurait ainsi réalisé « des centaines de millions » de bénéfices en 2022 grâce à la vente de GNL russe. 

Par ailleurs, le rapport précise que trois entreprises ont commercialisé plus de GNL russe que Shell en mai dernier, dont deux russes et la française TotalEnergies. Global Witness déplore que malgré les crimes de guerre financés indirectement par ce commerce, ce dernier reste légal. Les deux entreprises ont affirmé à l'AFP être liées par des contrats en cours, malgré leur retrait des partenariats russes suite à l'invasion de l'Ukraine l'année dernière. 

La défense de TotalEnergies

Un porte-parole de Shell a souligné l'existence d'un « dilemme entre faire pression sur le gouvernement russe pour ses atrocités en Ukraine et assurer un approvisionnement énergétique stable et sûr », ajoutant que la décision des compromis à faire incombe aux gouvernements. De son côté, TotalEnergies a déclaré avoir initié « la suspension progressive des actifs russes tout en veillant à poursuivre l’approvisionnement en GNL de l’Europe ». 

L'entreprise française a également rappelé son devoir de contribuer à la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'Europe dans le cadre de contrats à long terme, qu'elle se doit d'honorer tant que les gouvernements européens ne prennent pas de sanctions contre le gaz russe. Bien que le commerce du GNL russe soit juridiquement légal, les bénéfices qu'il génère soulèvent des questions éthiques et politiques majeures. Selon Global Witness, il est temps pour les gouvernements du Royaume-Uni et de l'Union Européenne d'agir pour mettre fin à cette situation complexe et controversée.