Un éclairage nouveau sur les manipulations lors des événements d'Algérie des années '90




Le 4 Mai 2017, par La Rédaction

Interview d'Eric Denécé, directeur de la collection ARCANA IMPERII


Vous êtes directeur de la collection ARCANA IMPERII chez VAPress. Tout d’abord, pourquoi avoir donné ce nom à la collection, et quels sont les types de livres que vous souhaitez y voir figurer ?

L’expression ARCANA IMPERII, est une expression issue de l’œuvre de Tacite qui désigne « les secrets de l’empire », c’est-à-dire les manoeuvres de l’ombre qui interviennent dans l’ombre des politiques officielles que conduisent les pouvoirs depuis l’Antiquité. Cela recouvre donc le renseignement et les manipulations de toute sorte (tromperie, stratagèmes, désinformation, etc.) sur lesquels cette collection souhaite apporter un éclairage nouveau, dans une double dynamique historique et contemporaine.

En quoi l’ouvrage d’Yves Bonnet, La deuxième guerre d’Algérie, paru il y a quelques jours, répond-il à ces critères ?

Yves Bonnet
Le livre d’Yves Bonnet apporte un éclairage nouveau sur une tragédie qui a donné lieu à beaucoup d’interventions fantaisistes ou mal intentionnées dans les médias français, notamment en cherchant à exonérer les terroristes de cet acte barbare et à rejeter la responsabilité sur les autorités algériennes. Il importait de rétablir la vérité et de décrire minutieusement les faits tels qu’ils se sont déroulés. Ce qu’a fait Yves Bonnet au terme d’une enquête minutieuse de plusieurs années.

Vous êtes chercheur et spécialiste du renseignement et du terrorisme. Pouvez-vous nous dire en quoi l’assassinat des moines de Tibhirine dont rend compte ce livre rentre dans de pures logiques terroristes ?

Les « années noires » (1992-2002) qu’a traversé l’Algérie lorsqu’elle a été confrontée au terrorisme islamiste ont été terribles et demeurent largement méconnues en France. Rappelons qu’elles ont fait de 100 000 à 150 000 victimes en 10 ans et ont donné lieu à des actes de barbarie ignobles. L’assassinat des moines de Tibhirine en a été l’un des épisodes porté à la connaissance du public français, mais de nombreux autres événements de ce type ont touché le peuple algérien. Le livre d’Yves Bonnet décrit très bien la dynamique terroriste des années 1990 et sa montée aux extrêmes, ainsi que les difficultés qu’a rencontré l’Etat algérien pour en venir à bout.

Pensez-vous que pour être fort, le pouvoir doit nécessairement être obscur et mystérieux, ou au contraire tabler sur la transparence ? Quel est la part de mystère que vous réussissez à soulever en tant qu’expert du renseignement ?

Dans nos sociétés modernes, caractérisées par les notions de gouvernance, d’éthique, de transparence… ce qui relève du secret est de plus en plus restreint, ce qui est légitime. Mais tout ne doit pas être visible, notamment pas le renseignement, qui sera alors largement inutile. Les citoyens des démocraties modernes doivent accepter de confier à l’exécutif une part d’actions qu’il doit conduire dans l’ombre pour le bien de tous, quitte à le sanctionner plus tard si le mandat confié a été mal exercé. Mais l’on ne peut tout révéler ni contrôler en temps réel dans les domaines qui relèvent de la sécurité nationale.

Comment le renseignement peut nous aider à déjouer la menace terroriste ? Est-il efficace aujourd’hui en France ? Quelles ont été ses erreurs au cours de la deuxième guerre d’Algérie ?

Le renseignement est la première des « armes » de la lutte antiterroriste, car nous sommes confrontés à des réseaux hostiles et clandestins qu’il importe de détecter, de comprendre, d’infiltrer et de neutraliser pour éviter le pire. Le rôle des forces de sécurité est également essentiel, mais elles devraient idéalement n’avoir à intervenir que contre les éléments qui ont pu passer au travers des mailles du filet protecteur du renseignement.

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