Pour payer Vivendi, Drahi avait prévu de lever 12 milliards d'euros de dette. Malgré les défis engendrés par cette acquisition et le fait que Numericable soit considéré comme un placement à risque par les agences, les financiers sont prêts à investir 100 milliards de dollars, soit 70 milliards d'euros, dans cette levée de fonds… sept fois que ce que demande Altice ! Il y a donc un réel engouement pour l'opération.
De fait, Numericable s'est endetté à hauteur de 8 milliards, Altice de 4 milliards. Il faut dire que l'entreprise a eu la main lourde sur les taux d'intérêt : les titres, d'une maturité de 5, 8 et 10 ans ont un rendement compris entre 7,25% et 7,75%. De quoi effectivement donner envie de prêter à Altice/Numericable… On est loin du taux réduit du Livret A !
Il faudra toutefois que les investisseurs se montrent patients. Le nouvel attelage SFR/Altice ne devrait pas être rentable avant au moins 2016, peut-on lire dans un document interne. Un mémo qui ne prend pas en compte un des scénarios possibles dans le paysage très fluide des opérateurs de téléphonie en France : la fusion de Bouygues avec Free. Si le trublion réussissait à récupérer le réseau 4G de Bouygues, le plus étendu en France, il serait à même de casser une fois de plus le marché avec un forfait pas cher, réduisant les marges de la concurrence qui aura l'obligation de s'aligner.
Or, SFR a des obligations d'investissement dans la fibre et la 4G, sans compter les engagements en matière d'emploi, et le poids de sa dette. Tout cela sera t-il tenable ?