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Sécurité intérieure et développement personnel, quelle relation ?





Le 24 Mai 2023, par La Rédaction

Un regard étonnant sur la sécurité intérieure révèle des facettes inexplorées du développement personnel. Découvrez comment les compétences non-techniques façonnent l'avenir de la gestion des risques avec Landry Richard. Son livre, "Au-delà des risques", paru chez VA Éditions, est le reflet de son expérience en tant que sapeur-pompier et responsable sûreté.


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Qu'est-ce qui a motivé votre choix d'explorer le lien entre le développement personnel et la sécurité intérieure, un champ généralement considéré comme étant axé sur les compétences techniques ?

Les domaines du développement personnel et de la sécurité intérieure peuvent sembler éloignés pourtant quelques parallèles peuvent être faits en portant un regard du côté de la performance. Il y a plusieurs années de cela, alors que j'étais jeune éducateur sportif chez les sapeurs-pompiers j'ai commencé à chercher à développer les compétences individuelles et collectives de mes collègues en allant explorer d'autres pistes que celles du développement physique. J'ai passé une année à l'Université de Bourgogne pour participer au DU « coaching de la performance mentale ». C'est ce temps universitaire qui m'a fait comprendre, en m'inspirant du travail fait auprès des sportifs de haut niveau, l'importance de la prise en compte des champs mentaux dès lors qu'il s'agit d'aller au-delà de ses limites, au-delà du risque.

Bien qu'ayant des enjeux différents, la force motivationnelle est similaire lorsqu'il s'agit de décrocher un titre olympique ou de mettre des terroristes hors d'état de nuire ou d'éteindre un incendie. Un certain nombre de qualités, de compétences, viennent ensuite compléter la force de l'engagement en parallèle des savoirs-faires techniques. Ces compétences Gestion du stress, Gestion de tâches, Travail en équipe, Conscience situationnelle, Prise de décision, Résilience et Gestion de la fatigue sont des qualités qui ne se s'apprennent pas véritablement en formation. Ce sont avant tout des compétences humaines, non-techniques.



En quoi les principes de la culture militaire peuvent se traduire en outils de développement personnel, en particulier en ce qui concerne la résilience et la discipline ?

S'il est vrai que résilience et discipline sont présents dans la culture militaire, il n'en demeure pas moins que ces compétences sont des piliers de la réussite. Dans les métiers de la sécurité ou du soin, il y a une différence culturelle majeure avec le fonctionnement des entreprises privées qui est à prendre en compte. Pour les pompiers, les policiers, les gendarmes, les militaires ou les professionnels de la santé, il est toujours question de devoir faire cesser une situation anormale. (Un incendie, une maladie, un trouble à l'ordre public etc.). Pour atteindre cet objectif, il s'agira de mettre en œuvre une collection de moyens, matériels et humains qui parfois peuvent conduire jusqu'à l'ultime sacrifice. Même si donner sa vie n'est jamais dans l'équation préparatoire d'une opération, nous savons tous que notre engagement pour la vie peut nous conduire à donner la nôtre. Cet état d'esprit est inversé dans la sphère privée où il est question de réfléchir à quels sont les objectifs qu'il est possible d'atteindre à partir d'une collection de moyens (matériels et humains) à disposition. En aucun cas, donner sa vie n'est acceptable ou envisageable.

Aussi il est intéressant de remarquer comment le privé apprécie les compétences humaines développées chez celles et ceux qui ont eu une première carrière dans les métiers de la sécurité intérieure pour les appliquer à l'entreprise. Le choc culturel est parfois douloureux mais lorsque les valeurs de l'entreprise sont en concordance avec celle de l'agent, la réussite est assurée.



Votre approche met l'accent sur les compétences non techniques (CNT). Dans le contexte des métiers de la sécurité intérieure, comment ces CNT sont-elles perçues et valorisées ?

Aujourd'hui la question des compétences non techniques (CNT) ou soft skills n'est absolument pas développée dans les métiers de la sécurité intérieure. Les programmes de formation, de montée en compétence ou de maintien des acquis n'abordent pas ce sujet et les processus de recrutement ne prennent pas véritablement en considération ces nécessaires qualités humaines indispensables à la réussite. Il y a beaucoup a développer sur cette question car même s'il semble évident dans l'inconscient collectif que ces compétences soient présentes chez chacun d'entre nous, les institutions, en capitalisant sur un meilleur développement et une meilleure prise en compte pourront mieux préparer les individus et les collectifs tout en améliorant grandement la sécurité des agents.


Avez-vous observé une évolution dans l'approche de la sécurité intérieure et du développement personnel au cours de votre carrière ? Si oui, comment ces changements ont-ils affecté la manière dont les professionnels de la sécurité intérieure opèrent aujourd'hui ?

J'ai commencé ma carrière il y a 24 ans, en 1999. Au-delà des changements sociétaux, dans la doctrine ou dans la nature des menaces, j'ai constaté un changement anthropologique majeur avec l'avènement du numérique. J'ai été témoin (et acteur) de l'externalisation d'une partie de nos cerveaux dans nos smartphones et cela a eu des effets majeurs sur la façon de manager, de commander et de vivre nos métiers au sein de la sécurité intérieure. Tout va très vite, l'accès à l'information est extraordinaire, la connaissance est à portée de tous. Il a fallu revoir nos modes de fonctionnement et c'est une bonne chose. Pour ce qui est de la prise en compte des individus, là encore de nombreux changements sont venus améliorer nos fonctionnements. Par exemple dans les SDIS où la présence des personnels de santé formés et compétents, de psychologues disponibles a été décidée les agents peuvent non seulement bénéficier d'une meilleure prise en charge des « traumatismes du sauveteur », mais peuvent également être mieux préparés à affronter des situations parfois épouvantables.






1.Posté par Adrien31 le 23/11/2023 17:51 | Alerter
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Et comme d'habitude, le grand oublié de la sécurité intérieure : la sécurité privée !

Commençait déjà par considérer tous les acteurs, ça sera un bon début.

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