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Bruxelles veut imposer des droits de douane sur les céréales russes





Le 25 Mars 2024, par François Lapierre

Face à la précarité croissante des agriculteurs européens et aux turbulences du marché céréalier mondial, l'Union européenne envisage une stratégie inédite : la mise en place de droits de douane sur les importations de céréales russes. Cette proposition, avancée par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, vise à protéger le secteur agricole européen.


Protection du marché européen

L'Union européenne se trouve à un tournant décisif, cherchant des solutions pour sécuriser son secteur agricole tout en naviguant dans le contexte géopolitique complexe induit par la guerre en Ukraine. Ursula von der Leyen a mis sur la table une proposition qui soulève autant d'espoirs que de questionnements : l'imposition de droits de douane sur les importations de céréales russes et biélorusses. 

Cette mesure, qui vise à protéger les agriculteurs européens face à la déstabilisation des prix, marque un potentiel tournant dans les relations commerciales entre l'UE et ces pays.

Cependant, l'efficacité réelle de cette mesure suscite des débats. Le marché européen ne constitue pas la destination principale des céréales russes, celles-ci représentant une portion relativement modeste des importations totales de l'UE. Par exemple, l'importation de blé tendre russe ne compte que pour 4,5 % des importations européennes de cette céréale. 

Le cas du blé dur, plus significatif avec 23 % des importations provenant de Russie, illustre une exception plutôt qu'une règle générale. Ainsi, bien que la proposition vise à répondre à une préoccupation immédiate des agriculteurs, son impact sur le marché européen dans son ensemble pourrait être limité.

Les céréales russes en pleine guerre

Au-delà de l'aspect économique, la proposition de la Commission européenne s'inscrit dans un cadre géopolitique plus large, reflétant une volonté de l'UE de renforcer sa position vis-à-vis de la Russie et de la Biélorussie, notamment en privant ces pays de recettes importantes générées par les exportations de céréales. Cette démarche suggère une prise de distance avec une approche purement économique, envisageant les droits de douane comme un outil pour contrecarrer les stratégies d'influence de Moscou, particulièrement en ce qui concerne le financement de la guerre en Ukraine.

La réaction de la Russie à cette proposition ne s'est pas fait attendre, prévenant d'éventuelles « conséquences très sérieuses » pour l'UE. Cette mise en garde soulève des questions sur les implications potentielles pour les consommateurs européens, notamment en termes de prix et de disponibilité des produits agricoles. Par ailleurs, l'impact de ces mesures sur la sécurité alimentaire mondiale, particulièrement dans des régions dépendantes des exportations agricoles russes, reste un sujet de préoccupation.

En définitive, l'initiative de l'UE de mettre en place des droits de douane sur les céréales russes représente un geste lourd de sens qui s'inscrit dans un contexte économique, géopolitique et social compliqué. Tout en visant à protéger les agriculteurs européens et à répondre aux enjeux sécuritaires actuels, cette mesure soulève d'importantes questions sur son efficacité réelle et ses répercussions à long terme. 




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