Journal de l'économie

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Les réseaux Soros à la conquête de l'Afrique





Le 26 Avril 2017, par Hubert De LANGLE

Il se définit lui même comme un chef d'Etat sans Etat. Il s’est juré de « démolir le Président Trump », Trump l’a désigné comme
« une menace pour la sécurité nationale » : qui est George SOROS, l’homme qui a déclaré la guerre au Président américain ? Alors que les pressions des réseaux SOROS se sont encore manifestées en Hongrie au début du mois d'avril 2017, avec une manifestation de "l'université Soros" contre Viktor Orban, un livre de Stéphanie Erbs, Vincent Barbe et Olivier Laurent vient de sortir et analyse en profondeur les méthodes d'action des réseaux Soros en Afrique. Nous avons rencontré les auteurs.


L'actualité s'est récemment faite l'écho des démêlés de G. Soros et du Pt Trump. Comment en est on arrivé là ?

G. Soros est un fervent soutien du camp démocrate. Il a financé les campagnes électorales de B. Obama et d’H.Clinton à hauteur de plus d’une dizaine de millions de dollars. La politique extérieure américaine définie et menée par les Démocrates ainsi que leurs valeurs  progressistes convergent avec la vision du monde de G. Soros ainsi qu’avec ses intérêts financiers. Le Président Trump a quant à lui une vision complètement différente. Méfiant envers les flux migratoires incontrôlés, combattant l’islamisme, dénonçant la politique de puissance chinoise et prônant une relocalisation industrielle aux Etats-Unis, il défend une vision isolationniste des relations internationales. Il y a là un conflit de valeurs et d’intérêts manifeste. Soros considère ainsi D. Trump comme « un escroc » et un « dictateur » potentiel. Il n’a pas accepté le résultat de l’élection présidentielle américaine. Il a donc voulu agir en sous main en soutenant des organisations et des mouvements hostiles au nouveau Président américain. Il a ainsi financé l’organisation MoveOn.org qui appelle aux manifestations anti-Trump. En outre, plus de cinquante partenaires de la « Marche des femmes de Washington »,  qui s’est déroulée le 21 janvier dernier, avaient des liens avérés avec Soros. Cette guérilla informationnelle à visée subversive a généré un accroissement des tensions entre Soros et Trump. Ce dernier a d’ailleurs déclaré que Soros représente une menace pour la sécurité des Etats-Unis.

Pouvez vous nous dire quelques mots sur cette idéologie puissante qu'est l'Open Society ?

L’Open Society telle que définie par le philosophe K.Popper, dont Soros a été l’un des étudiants à la London School of Economics, consiste globalement en une société non-autoritaire basée sur la liberté et les droits de l’Homme et comprenant des mécanismes politiques transparents. G. Soros a fait sienne cette définition et pour assurer la diffusion de l’open society dans le monde a développé son réseau d’Open Society Foundations (OSF). Il veut ainsi promouvoir l’idéal démocratique et diffuser l’économie de marché dans le monde entier. Il considère les frontières territoriales et les différences culturelles comme des handicaps et souhaite favoriser les migrations. On le voit ainsi actuellement en Europe ou il n’hésite pas à soutenir des mouvements violents d’extrême gauche pro-migrants.

Décrivez nous plus précisément les rouages de ce mécanisme de puissance et quels sont les gages de son efficacité ?

Ce qui rend l’idéologie de Soros si puissante, c’est son apparente légitimité morale. Il défend officiellement le faible, le pauvre et les minorités; les droits de l’Homme et la démocratie. C’est la face visible de l’iceberg (la face cachée est beaucoup plus sombre et elle n’apparait que lorsqu’on étudie de près ces activités).
 
Soros a parfaitement compris que dans le type de société de l’information dans laquelle nous sommes, les média constituent un vecteur de manipulation des opinions à grande échelle redoutable. Ils lui permettent de façonner les opinions dans le sens de ses intérêts. En Afrique, la zone d’étude de notre livre, il finance donc de très nombreux supports d’information. La radio constitue un pilier de son arsenal. Il soutient ce média dans de nombreux pays (Radio Okapi en RDC, Radio Democracy…) et a même développé des réseaux radiophoniques comme par exemple West Africa Democratic Radio (WADR), un réseau ouest-africain lancé par sa fondation.
 
Il finance aussi de nombreuses ONG internationales qui défendent de « nobles causes »: Amnesty international, Human Rights Watch, Global Witness, Transparency international…ainsi que des ONG de « référence » considérées comme détentrices d’une expertise indubitable sur un sujet donné, comme International Crisis Group. Ces ONG constitue un maillon essentiel du dispositif d’influence de Soros car leur résonance internationale et leur indépendance apparente les placent au dessus de tout soupçon de partialité dans l’opinion publique. Elles peuvent mobiliser les opinions et les gouvernements occidentaux contre des « crimes » commis par des dirigeants « ennemis ». Ils sont alors de facto diabolisés et affaiblis. Soros finance par ailleurs directement ou indirectement plusieurs centaines d’ONG locales qui viennent compléter son dispositif.
 
Il soutient et finance également des mouvements citoyens (ex: Y’en a marre au Sénégal) qui ont parfois permis le renversement de certains Chefs d’Etat. Dans notre ouvrage, nous étudions tout particulièrement l’action de ces mouvements au Burkina Faso et en République Démocratique du Congo.
 
Soros dispose donc de leviers d’influence multiples actionnables indépendamment les uns des autres ou ensemble. C’est cela qui rend son « système » si efficace. Sans oublier que fréquemment il avance main dans la main avec la diplomatie américaine, ce qui démultiplie la puissance de son action.

Une certaine ambivalence apparait dans le comportement du personnage ; d'un coté il soutient financièrement un réseau d'ONG philanthropiques, et de l'autre, il n'hésite pas à spéculer sans scrupule, en pleine contradiction avec les objectifs de ces mêmes ONG. Comment s'explique cette dualité ?

Expliquer cette dualité serait quelque peu présomptueux. Nous ne disposons pas de suffisamment d’éléments (d’ordre psychologique ou autres) pour émettre des hypothèses satisfaisantes. En revanche, nous avons mis cette dualité en lumière. Ce qui n’est pas toujours chose aisée car si Soros se fait le chantre de la transparence « pour les autres », il cherche à maintenir une véritable opacité sur ses activités.  Dans le domaine des industries extractives, la dualité (hypocrisie, cynisme?) est flagrante. Soros a ainsi pu investir dans Barrick Gold dont la branche africaine, Acacia Mining, favorise l’expulsion des populations locales pour mener à bien ses activités en Afrique de l’Est. Le service de sécurité de la société a quant à lui été accusé à plusieurs reprises d’employer la force de manière disproportionnée sur ses sites miniers. Des morts ont même été à déplorer. Nous sommes bien loin du Soros défenseur des droits de l’Homme. Nous avons relevé ces contradictions dans de nombreux domaines (OGM, accaparement des terres…) où Soros le businessman est en opposition totale avec Soros l’idéologue.

Quel avenir pour la Sorosafrique ?

L’activité de Soros en Afrique devrait se poursuivre et prendre de l’ampleur. Sa force, c’est qu’il n’agit pas de manière frontale mais privilégie des stratégies d’action indirectes, parfois difficilement détectables. Il agit sur des échiquiers différents (politique, économique, social, sociétal…) ce qui contribue à progressivement diffuser son influence par des canaux multiples. Il est pour le moment difficile de dire si l’élection de D. Trump va significativement perturber son action sur le continent. Nous ne disposons pas encore d’assez de recul.

Les auteurs

Stéphanie Erbs est experte en communication et en analyse stratégique. Anciens officiers de renseignement, experts en gestion des risques et en géopolitique, Vincent Barbé et Olivier Laurent dirigent actuellement la société Adytum Security, qui conseille les entreprises dans les domaines de la gestion des risques, de la sûreté et de la cybersécurité.

Accéder au site du livre pour en savoir plus




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