Journal de l'économie

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Une vision plus réaliste de la réindustrialisation en France





Le 3 Avril 2024, par Aurélien Delacroix

Il y a un an, le gouvernement avait lancé une nouvelle stratégie pour augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB) du pays de 10 % à 15 %, avec l'espoir d'atteindre la moyenne européenne. Mais ce projet de réindustrialisation est-il seulement réaliste ?


Rudes réalités économiques et énergétiques

Olivier Lluansi, ancien délégué interministériel aux Territoires d'industrie et chargé d'une mission de réflexion sur l'avenir des politiques industrielles par le ministère de l'Économie, a récemment mis en lumière les défis majeurs que cette ambition de réindustrialisation pourrait rencontrer. Selon lui, atteindre un tel objectif nécessiterait non seulement une quantité d'énergie décarbonée insuffisante à l'heure actuelle, mais aussi une importante migration de main-d'œuvre du secteur tertiaire vers l'industrie, une proposition qui semble peu réaliste étant donné les besoins actuels du marché du travail.

Le chargé de mission propose un scénario plus mesuré, visant une part industrielle du PIB de 12 % ou 13 %, qui serait en soi une réussite significative en permettant de rééquilibrer la balance commerciale manufacturière du pays, actuellement déficitaire de 60 milliards d'euros. Cet ajustement des ambitions permettrait la création de 50.000 emplois industriels supplémentaires par an, marquant ainsi un progrès notable par rapport aux années précédentes.

La réindustrialisation en question

Cependant, Olivier Lluansi soulève également la question de l'attractivité de l'industrie française, qui peine à recruter face à des modèles de management jugés obsolètes par les nouvelles générations. Il appelle à une révolution dans la communication et les méthodes de management pour rendre le secteur plus séduisant et adapté aux aspirations à l'autonomie et à l'innovation.

L'expert pointe également du doigt le besoin critique d'investissement, estimant à 200 milliards d'euros le coût d'une augmentation de deux à trois points de la part de l'industrie dans le PIB sur dix ans. Bien que la France dispose d'une épargne financière conséquente, Lluansi insiste sur la nécessité d'incitations fiscales ou réglementaires pour canaliser cette épargne vers la réindustrialisation.

Enfin, il aborde la question de la compétitivité de l'industrie européenne, fortement impactée par le coût croissant de l'énergie. Lluansi suggère d'adopter des règles équitables pour les produits importés et locaux, ce qui favoriserait une concurrence loyale et encouragerait les efforts en matière d'économie circulaire et de sobriété énergétique.




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