Alstom : la tentation du protectionnisme




Le 15 Mai 2014, par Aurélien Delacroix

L'État doit « protéger les intérêts stratégiques de la France », a martelé aujourd'hui Michel Sapin. Le ministre des Finances était en mission pour défendre l'élargissement d'un décret visant à empêcher les prises de contrôle de groupes français par des entreprises étrangères. Dans la ligne de mire : General Electric.


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Le mastodonte américain est bien parti pour acquérir l'activité Énergie d'Alstom, un achat qui n'est pas du goût du gouvernement (même si des voix dissonantes, comme celle de Ségolène Royal, se sont faites entendre). Le décret, signé en 2005 par le Premier ministre de l'époque Dominique de Villepin, s'élargit depuis le 14 mai à cinq nouveaux secteurs jugés stratégiques, en plus des onze activités qu'il protégeait jusqu'alors : les communications électroniques, la protection de la santé publique, l'approvisionnement en eau, mais aussi l’approvisionnement en électricité, gaz, hydrocarbures ou autre source énergétique ainsi que l’exploitation des réseaux et des services de transport.
 
Des domaines d'activité qui recoupent précisément ceux d'Alstom : GE guigne justement l'énergie et afin de faire passer la pilule, promet de transférer au groupe français une partie de ses activités de transport. Ce décret ne fait que mettre la France au même niveau que d'autres pays qui ont adopté de telles législations, fait valoir le gouvernement.
 
Bruxelles, pour qui les questions de concurrence sont essentielles, a toussé. Michel Barnier, le commissaire chargé du Marché intérieur, a indiqué que la Commission va surveiller l'application du décret : « Nous devons vérifier si (cet objectif) est appliqué de manière proportionnée sinon cela reviendrait à du protectionnisme ».