Inflation : l’industrie agroalimentaire sous pression pour renégocier les prix




Le 6 Juin 2023, par Paolo Garoscio

Face à une inflation alimentaire persistante, dépassant encore 10% en mai 2023, le gouvernement français, secondé par les distributeurs, met la pression sur les industriels de l'agroalimentaire pour qu'ils renégocient les prix. Ces derniers se montrent cependant réticents, malgré les menaces de sanctions publiques.


Inflation alimentaire record : le rôle des industriels

Selon l'Insee, l'inflation du secteur alimentaire atteignait 14,1% fin mai 2023, loin devant la moyenne générale de 5%. Les produits alimentaires sont donc le principal moteur de l'inflation en France, et ce depuis plusieurs mois. Le gouvernement avait donc appelé les industriels de l'agroalimentaire à renégocier les prix pour les faire baisser. Mais il semblerait que ces derniers tardent à le faire, suscitant l'irritation du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

Le 5 juin 2023, Bruno Le Maire a clairement exprimé son mécontentement sur France 5 : « Certaines grandes multinationales industrielles jouent la montre, je ne suis pas idiot. » Il a précisé que seules deux ou trois des 75 grandes entreprises de l'agroalimentaire avaient jusqu'à présent entamé le processus de renégociation des prix.

Le secteur de la distribution rejoint l'appel du gouvernement

  Les distributeurs aussi déplorent l'inaction des industriels. Dominique Schelcher, PDG de Système U, et Michel Biero, à la tête de Lidl France, ont confirmé que les négociations étaient pour l'instant peu fréquentes, voire inexistantes. Selon Michel Biero, seules deux entreprises ont confirmé leur volonté de renégocier les prix, tandis que la majorité n'a pas répondu aux appels de Système U, laissant peu de doute sur l'absence de progrès significatifs.

Pour lutter contre cette situation, Bruno Le Maire a annoncé une prolongation du "trimestre anti-inflation", initialement prévu jusqu'en juin 2023, mais qui durera jusqu'à la fin de l'année. En outre, le ministre menace de publier la liste des industriels de l'agroalimentaire qui refusent de renégocier les prix d'ici la fin juin 2023. Et, en plus de cette humiliation publique, une taxe exceptionnelle pourrait être envisagée dans la loi de finances 2024.