Un emoji sur Twitter est-il une manipulation de cours boursier ?




Le 5 Janvier 2024, par Paolo Garoscio

Dans l'univers impitoyable de la finance, un simple emoji peut-il bouleverser le marché boursier ? L'affaire Ryan Cohen, président du conseil d'administration de GameStop, va permettre de trancher, se retrouvant au centre d'une controverse inédite. Ryan Cohen est en effet accusé de fraude boursière après avoir utilisé un emoji sur Twitter,


Un simple emoji, un tweet… et une valeur boursière qui explose

En août 2022, Ryan Cohen, entrepreneur canadien et fondateur de Chewy, société de vente en ligne de produits pour animaux, publie sur Twitter un commentaire accompagné de l'emoji « sourire ». Ce symbole, anodin pour le grand public qui l’utilise massivement, a un autre sens pour les boursicoteurs. Cet emoji est interprété par les initiés comme un signal de hausse imminente en bourse. Le tweet, réagissant à un article sur les difficultés de Bed, Bath & Beyond, a un effet immédiat : le cours de l'action de l'entreprise s'envole, passant de 10,63 à 16 dollars en quelques jours.

Ça aurait pu n’avoir aucun lien, si ce n’est que Ryan Cohen est loin d’être indépendant de l’entreprise. En fait, l’homme d’affaires détenait, à l’époque, environ 12% des parts de Bed, Bath & Beyond. Et peu après le bond en Bourse, il vend soudainement ses actions, empochant au passage 55 millions d'euros. Cette transaction provoque une chute vertigineuse de l'action, précipitant l'entreprise vers la faillite.

Une fraude fiscale et une manipulation boursière ?

Les actionnaires de Bed, Bath & Beyond ont déposé plainte. Ils accusent Ryan Cohen de fraude boursière. Ils soutiennent que son tweet était une manœuvre délibérée pour influencer le cours de l'action, lui permettant de réaliser un profit colossal. Une pratique interdite pour laquelle Elon Musk a été épinglé à plusieurs reprises par le gendarme boursier américain, la SEC.

Ryan Cohen doit désormais faire face à la justice à Washington. L'enjeu du procès dépasse sa personne et cette affaire : il s'agit de déterminer si l'utilisation d'emojis peut être considérée comme un moyen de manipulation des marchés financiers. Une décision qui pourrait redéfinir les règles de communication dans l'univers de la finance, en particulier sur les réseaux sociaux.