Journal de l'économie

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Le savoir-faire des bottiers français en sursis ?





Le 31 Juillet 2015

De l’aveu même d’Emmanuel Macron, il ne s’agissait pas de la mesure la plus importante du projet de loi sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances qui vient d’être voté (au chausse-pied !) par le Parlement. Elle n’en était pas moins emblématique.


Crédit : Robert Sheie - Flicklr (CC)
Crédit : Robert Sheie - Flicklr (CC)
Dans la nuit du 5 mai dernier, le Gouvernement a tenté par voie d’amendement d’abroger une loi bien connue par les grands noms du secteur de la chaussure : celle du 14 mai 1948 règlementant l’emploi de la dénomination de qualité « fait main » et l’emploi de l’expression de « bottier » dans l’industrie et le commerce. L’article 1 de cette loi stipule que « la dénomination de qualité fait main est exclusivement réservée, dans le commerce de la chaussure, aux chaussures qui ont été confectionnées à la main, sans intervention de la machine, sauf en ce qui concerne l’assemblage des diverses pièces composant la tige. »
 
Pourquoi supprimer cette disposition de bon sens qui met en lumière et protège le savoir-faire des artisans bottiers ? La réponse est simple. Selon Franck Staub, secrétaire général de la Confédération française des métiers d’art, de l’excellence et du Luxe (CFMA), le Gouvernement a souhaité prévenir une possible condamnation de la France par la commission européenne. A la suite d’une plainte d’un professionnel, la commission a en effet engagé depuis janvier 2012 un contentieux avec la France au sujet de ce texte susceptible de constituer une source potentielle d’entraves aux échanges.
 
Alertée à ce sujet par Raymond Massaro, célèbre chausseur qui a dessiné les premières ballerines, créateur de la maison du même nom et maître d’art, la CFMA est allée faire valoir le point de vue des artisans au ministère de l’Economie, en vain. Puis elle a écrit aux parlementaires et a, de toute évidence, été entendue.
 
« Il n’aurait pas été acceptable qu’une telle abrogation soit confirmée et que soient mises sur le même plan, les chaussures « faites à la main » entièrement réalisées dans des ateliers installés en France et les chaussures produites en série de façon mécanisée » rappelle Franck Staub qui se réjouit des nombreux soutiens engrangés sur ce dossier à l’Assemblée nationale et au Sénat.
 
Parmi ceux-là, la sénatrice Dominique Sassone et le sénateur Jean-Claude Desessard se sont distingués en prenant la parole dans l’hémicycle et en faisant tomber l’amendement gouvernemental supprimant la loi de 1948 au nom de la qualité et du luxe au sens noble du terme. Le fait est suffisamment rare pour être souligné : Gauche et Droite se sont accordés pour défendre les savoir-faire.
 
« Nous avons gagné un premier match le 5 mai dernier mais notre vigilance reste entière », prévient Franck Staub qui estime que le Gouvernement cherchera certainement dès la rentrée de septembre à utiliser un autre texte législatif pour supprimer l’appellation fait-main des bottiers. « Ce serait regrettable car au-delà de la question des bottiers, nous touchons dans ce dossier à l’essentiel : l’avenir de la filière des métiers d’art dont l’excellence repose sur la maîtrise des gestes et l’intelligence de la main. »  
 




1.Posté par Alexis Boniface le 09/01/2019 17:23 | Alerter
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Bonjour,
Vous parlez de bottier et vous montrez une photo de paires prêt-à-chausser. L'erreur qu'auraient pu faire les députés, vous la faites dans l'article.
C'est bien la preuve que ce métier est méconnu, que les gens ne font pas la différence entre bottier et chausseur (l'erreur est faite dans l'article au sujet de Massaro) et ne voient pas la différence entre un travail artisanal et un travail industriel.
Quant à la loi de 1948, heureusement qu'elle a été maintenue. Le problème, c'est que les contrevenants ne sont jamais inquiétés.
Quant à Raymond Massaro : "il n'a pas créé la maison du même nom", c'est son grand-père qui s'en est chargé.
Alexis Boniface

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