Journal de l'économie

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Nous sommes des urbains. Plus des ruraux. Et cela change tout pour le futur.





Le 6 Septembre 2021, par Philippe Cahen

Les vacances sont une occasion de remettre en place notre logiciel de pensée. Cet été, les signaux pas si faibles (Covid, Afghanistan, immobilier…) nous ont remis les idées en place : décidément, nous sommes des urbains. Qu’est-ce que cela signifie ?


Image Pxhere
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Démographie urbaine

Le monde est environ à 60 % urbain (soit environ 6 milliards d’urbains), la France est à plus de 80 % urbaine. Il n’y a pas de définition unanime. D’une part un urbanisme où les maisons sont éloignées de quelques centaines de mètres peut être rural ou urbain, d’autre part dans un habitat dit rural les habitants peuvent dépendre uniquement de la ville. Combien de purs ruraux en France ? Les 400 000 agriculteurs-exploitants représentent 1,5 % de l’emploi total. Donc quelques % d’habitants.

La ville est le cœur de l’urbanité. La ville attire. La ville est l’espoir de travail, la ville sauve, la ville est culture. La ville est une pieuvre de vie. La ville a une croissance sans fin. Environ 20 conurbations mondiales ont plus de 20 millions d’habitants, jusqu’à Hong-kong, 70 millions !

Souplesse du monde rural, rigidité du monde urbain

Quand bien même le monde rural a subi et subit encore des malnutritions ou famines, ses populations ne sont pas toujours restées sédentaires. Elles ont cherché des terres plus généreuses plus loin, ou plus simplement souvent pour l’homme, des activités d’artisans, d’ouvriers ou de commerce afin d’assurer les ressources du foyer. Ces dernières années, les techniques et les savoirs ont limité les famines rurales, et à l’inverse, c’est le monde rural qui a servi épisodiquement de refuge aux victimes de sous-emplois des urbains.

La ville est en effet exigeante : sans revenu, pas moyen d’y vivre. Le monde rural familial est alors un refuge. Une bouche à nourrir de plus, c’est aussi deux bras. Or l’exode rural a fait perdre ce recours. Lorsque 3 ou 4 générations sont devenues urbaines, il n’y a plus de lien avec le monde rural. Ou alors symbolique. Et parfois, c’est même la langue qui est perdue.

C’est l’une des plus importantes transformations sociales de ces dernières décennies : l’Homme vit dans un système urbain avec des règles très strictes. Or autant les règles sociales strictes du monde rural étaient assumées et encadrées par le « village », autant la ville est le règne de l’anonymat. On s’y regroupe éventuellement par affinité, par origine. On y souffre de la solitude. Des associations existent pour retrouver un lien social, encore faut-il faire l’effort de s’y joindre. Depuis une grosse dizaine d’années, les réseaux sociaux sont pour certains un moyen d’exister : plus on y est bruyant, plus on est écouté. Sous protection anonyme ou pas.

La Covid-19, une pandémie urbaine

Incontestablement, la Covid-19 est une pandémie urbaine. Elle a touché le monde en quelques mois et les rares territoires épargnés (souvent des iles) ne l’ont pas été indéfiniment.

En regard à notre monde actuel, le monde rural était plus replié sur lui, avec moins d’échanges physiques et peu d’échanges culturels. La Peste noire serait apparue en Asie vers 1346, en Europe du Sud en 1348 et aurait disparu vers 1353 tuant près du tiers des Terriens connus. Le commerce de la Route de la Soie, les guerriers mongols en auraient été les diffuseurs avec le rat noir et les puces. La grippe espagnole (1918-1921), détectée d’abord aux États-Unis en mars 18, s’est répandue par la guerre et les soldats. Elle fut mondiale en développement rapide sur un an. L’échelle de temps est différente de la Peste noire.

Ces exemples tragiques montrent que nous dépendons de plus en plus de la recherche et de la science. Le monde rural était passif, il subissait. Le monde urbain échange, les idées comme les produits et reste fragile pour l’Homme.

La ville comme facteur actif du changement climatique

Et puis la ville est active dans le changement climatique. D’abord c’est le lieu naturel de la démographie croissante et donc des constructions de bureaux, logements, usines, lieux de santé, de culture et de loisir, des routes et des systèmes de transports. Elle est vibrionnante de déplacements en tous genres et par tous moyens. Non seulement elle est source de production de gaz à effet de serre et de pollutions en tout genre, elle dégage de la chaleur.

Elle impacte et perturbe la faune et la flore naturelle de son environnement par la chaleur qu’elle dégage, mais aussi par la lumière, car elle vit 24/24. La ville est une source de chaleur et de lumière permanentes. De par la réduction progressive de la chasse, la faune s’y développe en sécurité (sanglier, renard, daim, etc.) contribuant à une cohabitation qui peut avoir des limites entre humains et animaux.

Certaines villes (Afrique, Amérique du Sud, Asie du Sud-Est) ne sont pas en mesure d’offrir du travail aux migrants agricole. Ces derniers y développent une agriculture urbaine sauvage accompagnés de petits élevages. Ici la campagne à la ville devient un cauchemar de santé publique. Mais on ne peut pas renvoyer les migrants dans leurs campagnes. Souvent, même misérable, la ville leur apporte plus que le monde rural.

Le monde urbain explose

L’urbanité de demain est donc confrontée à la disparition du monde rural, à la nécessité de son organisation supérieure de vie en commun, au danger des maladies, à sa mise en cause dans le changement climatique et à un coût immobilier de plus en plus élevé.

Je repars en plongée…

Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste
Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles
», éd. Kawa



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