Notre vie quotidienne est rythmée au présent par cette guerre. Les prix des denrées alimentaires augmentent de façon significative de même que ceux de l’énergie. Cette situation se traduisant par une baisse de la croissance et une hausse de l’inflation risque de se conjuguer aussi au futur. Nous avons déjà vu son impact lors des élections présidentielles et les législatives, même si moins impactées, ne devraient pas être épargnées au niveau des territoires en prise directe avec les hausses des matières premières énergétiques ou alimentaires.
Cette guerre, car la terminologie « opération spéciale » peut plaire à Poutine, mais elle est de plus en plus erronée, est néanmoins une guerre « spéciale ».
C’est une guerre en direct que nous pouvons suivre toute la journée en continu pour peu que l’on dispose d’un bouquet de chaines d’informations. Images et analyses se succèdent avec parfois un luxe de précisions qui peut laisser pantois. Nous avons des images depuis les tréfonds de l’aciérie Azovtal, celles des drones attaquant des chars russes ou le son des marins de la Moskva appelant à l’aide. Le président Zelenski occupe les écrans de façon professionnelle et remarquable en termes de communication. Le président Poutine peine à reprendre la main si ce n’est par une rhétorique nucléaire dévoilant plus ses faiblesses que montrant sa force.
C’est une guerre totale. Toutes les armes possibles sont utilisées, avec la mention, rappelant les discours nazis, d’armes miracles (hypersoniques) qui à elles seules pourraient renverser le cours des événements. La stratégie russe de 2022 rappelle celle de 1942, en moins efficace pour le moment.
C’est une guerre qui est en passe de remodeler notre rapport à la force et au droit. Les démocraties, merci monsieur Poutine, ont compris que trop de diplomatie est interprétée comme trop de faiblesses et que parfois il faut mieux montrer sa force et agir. De plus cette guerre est idéale se déroulant en dehors de notre espace communautaire européen elle permet d’apprécier les forces, la brutalité plutôt, de l’armée russe, mais aussi ses faiblesses qui jusqu’à maintenant n’étaient pas à ce point apparentes. Cette guerre se déroule aussi sur le terrain du droit les premiers procès de soldats russes pour crimes de guerre s’ouvrant en Ukraine. Le gouvernement russe peut balayer cela d’un revers de la main, il aurait tort, le crime – de guerre ou non – ne paie pas c’est juste une question de temps.
Le temps c’est justement la grande inconnue de ce conflit. Ceux qui pensaient que les conflits entre pays civilisés et industrialisés ne pouvaient être que de courte durée en sont pour leurs frais. Ils devraient avoir en mémoire les récentes guerres balkaniques qui ont duré largement plus que l’opération « tempête du désert ». Ce temps risque aussi d’être celui de la fuite en avant poutinienne.
Sans être un kremlinologue averti l’analyse des faits et des images montre que Poutine ne dégage plus une impression de force tranquille, mais plutôt de force fébrile. Ses affidés continuent à s’exprimer, mais les discours sont de plus en plus brouillés et confus. Des analystes militaires sur les plateaux de la télévision russe commencent à émettre des doutes sur la conduite des opérations. Ceci est tout sauf anodin au regard du contrôle médiatique opéré par le pouvoir politique.
C’est le moment de se replonger dans LTI (lingua tertii imperii) de Victor Klemperer qui décryptait, de l’intérieur, le langage et la communication nazie visant à faire prendre aux Allemands des vessies pour des lanternes. Les observations d’alors prennent aujourd’hui une confondante acuité.
Ce temps de guerre n’est (mal) heureusement pas celui de nos hommes politiques. Les deux bords extrêmes (près de 50 % des électeurs quand même !) de notre échiquier politique affichent ou ont affiché des positions ambiguës vis-à-vis de Poutine et préfèrent donc éviter le sujet. Et entre ces deux extrêmes, il est de bon ton de ne pas s’appesantir, les thématiques du pouvoir d’achat, du prix des pâtes ou de l’essence semblant plus pertinentes et arrivant à être déconnectées de leurs causes initiales. Cette réalité témoigne de la défiance atavique de notre classe politique vis-à-vis de l’Europe, c’est peut-être en train d’évoluer, ou de l’International, même si l’OTAN ne semble plus en mort cérébrale.
Ne soyons pas candides. La moitié de nos centrales nucléaires sont à l’arrêt et une cyberattaque pointue peut perturber le fonctionnement de l’autre moitié avec des conséquences dramatiques sur notre production électrique. Des hôpitaux sont régulièrement cyberattaqués. Les réseaux de distribution d’eau ne sont pas toujours sécurisés. On peut multiplier les exemples. Même si le constat est moins violent qu’en Allemagne, notre armée aurait du mal, sur ses moyens propres, à soutenir un confit de haute intensité dans la durée. Quelques jours tout au plus.
La dissuasion nucléaire est à double tranchant, elle dissuade tant l’agresseur que l’agressé qui peut craindre des représailles tout aussi destructrices. La guerre se fait sur terre, sur mer, dans les airs, dans l’espace et dans le cyberspace… beaucoup de terrains d’oppositions pour lesquels nous ne sommes pas toujours bien équipés. Le temps est peut-être venu, à l’instar de l’Allemagne qui a doublé son budget militaire, d’augmenter significativement les budgets de nos armées en application du principe que si on veut la paix on se doit de préparer la guerre.
Cette guerre, car la terminologie « opération spéciale » peut plaire à Poutine, mais elle est de plus en plus erronée, est néanmoins une guerre « spéciale ».
C’est une guerre en direct que nous pouvons suivre toute la journée en continu pour peu que l’on dispose d’un bouquet de chaines d’informations. Images et analyses se succèdent avec parfois un luxe de précisions qui peut laisser pantois. Nous avons des images depuis les tréfonds de l’aciérie Azovtal, celles des drones attaquant des chars russes ou le son des marins de la Moskva appelant à l’aide. Le président Zelenski occupe les écrans de façon professionnelle et remarquable en termes de communication. Le président Poutine peine à reprendre la main si ce n’est par une rhétorique nucléaire dévoilant plus ses faiblesses que montrant sa force.
C’est une guerre totale. Toutes les armes possibles sont utilisées, avec la mention, rappelant les discours nazis, d’armes miracles (hypersoniques) qui à elles seules pourraient renverser le cours des événements. La stratégie russe de 2022 rappelle celle de 1942, en moins efficace pour le moment.
C’est une guerre qui est en passe de remodeler notre rapport à la force et au droit. Les démocraties, merci monsieur Poutine, ont compris que trop de diplomatie est interprétée comme trop de faiblesses et que parfois il faut mieux montrer sa force et agir. De plus cette guerre est idéale se déroulant en dehors de notre espace communautaire européen elle permet d’apprécier les forces, la brutalité plutôt, de l’armée russe, mais aussi ses faiblesses qui jusqu’à maintenant n’étaient pas à ce point apparentes. Cette guerre se déroule aussi sur le terrain du droit les premiers procès de soldats russes pour crimes de guerre s’ouvrant en Ukraine. Le gouvernement russe peut balayer cela d’un revers de la main, il aurait tort, le crime – de guerre ou non – ne paie pas c’est juste une question de temps.
Le temps c’est justement la grande inconnue de ce conflit. Ceux qui pensaient que les conflits entre pays civilisés et industrialisés ne pouvaient être que de courte durée en sont pour leurs frais. Ils devraient avoir en mémoire les récentes guerres balkaniques qui ont duré largement plus que l’opération « tempête du désert ». Ce temps risque aussi d’être celui de la fuite en avant poutinienne.
Sans être un kremlinologue averti l’analyse des faits et des images montre que Poutine ne dégage plus une impression de force tranquille, mais plutôt de force fébrile. Ses affidés continuent à s’exprimer, mais les discours sont de plus en plus brouillés et confus. Des analystes militaires sur les plateaux de la télévision russe commencent à émettre des doutes sur la conduite des opérations. Ceci est tout sauf anodin au regard du contrôle médiatique opéré par le pouvoir politique.
C’est le moment de se replonger dans LTI (lingua tertii imperii) de Victor Klemperer qui décryptait, de l’intérieur, le langage et la communication nazie visant à faire prendre aux Allemands des vessies pour des lanternes. Les observations d’alors prennent aujourd’hui une confondante acuité.
Ce temps de guerre n’est (mal) heureusement pas celui de nos hommes politiques. Les deux bords extrêmes (près de 50 % des électeurs quand même !) de notre échiquier politique affichent ou ont affiché des positions ambiguës vis-à-vis de Poutine et préfèrent donc éviter le sujet. Et entre ces deux extrêmes, il est de bon ton de ne pas s’appesantir, les thématiques du pouvoir d’achat, du prix des pâtes ou de l’essence semblant plus pertinentes et arrivant à être déconnectées de leurs causes initiales. Cette réalité témoigne de la défiance atavique de notre classe politique vis-à-vis de l’Europe, c’est peut-être en train d’évoluer, ou de l’International, même si l’OTAN ne semble plus en mort cérébrale.
Ne soyons pas candides. La moitié de nos centrales nucléaires sont à l’arrêt et une cyberattaque pointue peut perturber le fonctionnement de l’autre moitié avec des conséquences dramatiques sur notre production électrique. Des hôpitaux sont régulièrement cyberattaqués. Les réseaux de distribution d’eau ne sont pas toujours sécurisés. On peut multiplier les exemples. Même si le constat est moins violent qu’en Allemagne, notre armée aurait du mal, sur ses moyens propres, à soutenir un confit de haute intensité dans la durée. Quelques jours tout au plus.
La dissuasion nucléaire est à double tranchant, elle dissuade tant l’agresseur que l’agressé qui peut craindre des représailles tout aussi destructrices. La guerre se fait sur terre, sur mer, dans les airs, dans l’espace et dans le cyberspace… beaucoup de terrains d’oppositions pour lesquels nous ne sommes pas toujours bien équipés. Le temps est peut-être venu, à l’instar de l’Allemagne qui a doublé son budget militaire, d’augmenter significativement les budgets de nos armées en application du principe que si on veut la paix on se doit de préparer la guerre.