Valéry Mainjot, vous avez fondé CIKISI un logiciel de veille parmi les plus performants du marché. Vous avez interrogé de nombreux veilleurs au sein des organisations. Que vous disent-ils ?
De nombreuses cellules de veille se plaignent du peu d’intérêt que leurs travaux suscitent auprès de leurs collègues. Certains veilleurs avouent aussi que peu de personnes au sein de leur entreprise connaissent leur mission.
Plus globalement, il est ressorti de nos audits que beaucoup d’entreprises n’exploitent pas suffisamment le potentiel de leurs ressources dédiées à la veille stratégique.
Nous avons donc récemment décidé de sortir de notre focus « éditeur de logiciels » afin d’apporter à nos clients une proposition de valeur différenciante, au travers d’une nouvelle mission : « mettre en place chez nos clients une veille à haute valeur ajoutée ». Et pour remplir notre mission, nous faisons maintenant appel à l’ensemble de nos moyens : une technologie propriétaire, une méthodologie de travail et une équipe d’experts.
Qu’est-ce qu’une veille à haute valeur ajoutée ?
Il s’agit d’une veille qui sera consommée et exploitée et pour ce faire, elle doit répondre à plusieurs critères énumérés ci-dessous. Il s’agit de « dépoussiérer » le métier de la veille et de ses pratiques.
– Une veille en temps réel et ayant toujours la primeur
À ce jour, 80 % de l’information de marché est publiquement accessible en quasi-temps réel. Les caractéristiques de notre activité nous imposent d’être extrêmement véloces dans l’exercice du renseignement.
Les décisions prises le jour même dans une entreprise doivent idéalement tenir compte de toutes les informations disponibles (en interne, mais également en externe, publiquement accessibles).
Une veille diffusée hebdomadairement ou mensuellement va inévitablement mener à des situations où des décisions auraient certainement été différentes si la veille avait été diffusée quotidiennement. Dans les grandes entreprises, il n’est pas rare de constater que certaines décisions sont irréversibles ou très coûteuses à modifier. nnPour des raisons stratégiques et de productivité, la diffusion de l’information en quasi-temps réel s’impose comme un besoin primordial.
– Une veille exploitable
Le plus important dans la veille est de diffuser un renseignement exploitable.
Diffuser une information de marché est certes utile, mais l’impact est d’autant plus important si l’on étudie ou pousse à étudier les conséquences probables de cette information pour l’organisation.
Le fait relaté représente-t-il une menace ou une opportunité pour l’organisation ? Quelles sont son importance et son urgence ?
–Une veille collaborative et décentralisée
L’entreprise doit créer l’environnement permettant à ses filiales, divisions, d’exécuter leurs veilles. Les veilleurs décentralisés, locaux, doivent avoir la possibilité de suivre leurs sources d’information spécifiques, dans leurs langues et de définir leurs centres d’intérêt.
De façon plus générique, chaque membre d’une organisation doit pouvoir, quelques heures par mois ou par année, dépasser son rôle de consommateur d’information et devenir un veilleur dans son domaine d’expertise. Cet apport de valeur, réalisé de façon collaborative, permet à l’organisation d’obtenir une analyse 360° d’une information, consignée et partagée au sein d’un mémo unique.
L’entreprise doit se doter d’une solution moderne de collecte, analyse, diffusion et stockage de l’information qu’elle pourra structurer afin de partager ses ressources et missions de veillenn- Une veille capitalisée
En analysant les données du marché, passées et présentes, on met en évidence les évolutions et nouveaux modèles émergents. Une cellule de veille qui ne prend pas cette altitude trimestriellement ou annuellement ne remplit pas totalement sa mission. Il faut donc capitaliser l’information pour la transformer en connaissance.
– Une veille digérable et donc à la diffusion personnalisée
En France, un salarié reçoit en moyenne 29 courriels par jour, ce nombre montant à 40 pour les postes de responsables. Au sein des entreprises, tout le monde est donc déjà confronté à l’infobésité, sur le Web comme dans sa boîte de messagerie. La veille ne doit pas renforcer ce phénomène, mais, au contraire, la circonscrire. nnLes lettres d’information qui ne contiennent pas suffisamment d’informations utiles pour un lecteur seront soit non lues, soit survolées avec le risque pour ce dernier de rater une information stratégique. Ceci n’a rien d’étonnant étant donné que le temps moyen consacré à la lecture d’un email est de 15 secondes et que 52 % des lettres d’information sont lues en moins de 10 secondes.
Une entreprise ne peut plus diffuser les mêmes informations à tout le monde, mais, au contraire, doit offrir à ses membres le moyen de s’abonner uniquement aux veilles dont ils ont besoin. Elle doit également permettre la diffusion de la veille au travers d’autres moyens que le courrier électronique.
– Une veille consommée activement
Une lettre d’information envoyée par email qui ne contient que de courtes descriptions des articles et qui, au mieux, permet la consultation en ligne de leurs contenus originaux (dans les langues originales) n’est pas suffisamment efficace. nnLe lecteur doit être en mesure de réagir à ce mémo en le marquant, commentant ou partageant. Il est également important pour les veilleurs de recevoir des retours par rapport à ce que le lecteur a lu et apprécié.
La consommation de la veille doit donc également être active et réalisée au sein d’une solution gérée et animée par l’entreprise.
Cette approche, vous l’intégrez dans l’offre de CIKISI. Quels sont les retours de vos clients sur la mise en œuvre de cette veille dynamique et quotidienne ?
Tous nos clients qui ont mis cette pratique en œuvre récoltent des bénéfices importants. En plus d’alimenté différents département de leur entreprises grâce à des informations quotidienne qui motivent la prise de décision. Les veilleurs reçoivent le plus souvent des retours de qualité sur les informations délivrées. Cette approche permet à tout l’écosystème de l’entreprise de s’améliorer. C’est un cercle vertueux.
Informations pertinentes et fraiches < Equipes intéressées et force de proposition < Veille plus précise < Informations pertinentes et fraiches < …nn
Valéry Mainjot est Officier paracommando des forces spéciales belges, Valéry s’est initié dès 2003 au renseignement tactique et stratégique avant d’être muté, en tant qu’officier de réserve, aux services de renseignement militaire au sein de la cellule OSINT (Open Source)