L’augmentation brutale du chômage à la fin de l’année 2024 place le gouvernement de François Bayrou dans une position délicate. Alors que l’exécutif s’apprête à recourir au 49.3 pour faire adopter le budget, la menace d’une motion de censure plane.
L’augmentation du chômage, un « petit biais » ?
Selon la Dares, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a bondi de 4 % au quatrième trimestre 2024, atteignant 2,9 millions de personnes. Sur un an, la progression est de 3,7 %, une évolution jugée préoccupante par plusieurs économistes.
Face à cette situation, le Premier ministre a tenté de minimiser la portée de ces chiffres. Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche le 31 janvier, François Bayrou a évoqué un « petit biais statistique » pour expliquer cette hausse soudaine. Il pointe du doigt l’inscription automatique des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) à France Travail, entrée en vigueur le 1er janvier 2025 avec la loi Plein Emploi. Jusqu’alors, seuls 40 % des 1,8 million d’allocataires du RSA figuraient parmi les demandeurs d’emploi. Cette réforme vise à inclure entre 900.000 et 950.000 bénéficiaires supplémentaires dans les bases de France Travail.
Si cette réforme a effectivement un impact sur les statistiques du chômage, elle ne peut toutefois pas expliquer l’augmentation constatée au quatrième trimestre 2024. Les données de la Dares concernent la période précédant l’entrée en vigueur de cette nouvelle comptabilisation. L’effet réel de cette réforme ne pourra être évalué que dans les prochains mois, lorsque les chiffres du marché du travail seront mis à jour.
Des perspectives économiques incertaines
De plus, tous les bénéficiaires du RSA nouvellement inscrits ne seront pas comptabilisés dans la catégorie A, qui regroupe les personnes sans emploi et en recherche active. Deux nouvelles catégories, F et G, ont été créées pour distinguer les bénéficiaires en attente d’un accompagnement social ou professionnel. Ces nouvelles catégories ne seront pas intégrées dans les statistiques officielles du chômage, limitant ainsi l’éventuel gonflement des chiffres avancé par François Bayrou.
Au-delà des controverses sur la méthodologie de comptabilisation, les projections économiques laissent entrevoir une tendance peu encourageante pour l’emploi en 2025. L’Insee prévoit un taux de chômage de 7,6 % au deuxième trimestre, contre 7,4 % actuellement. La Banque de France anticipe même un taux de 8 % d’ici la fin de l’année.
Cette montée du chômage s’inscrit dans un contexte économique plus large marqué par un ralentissement de la croissance et une incertitude persistante sur l’évolution du marché du travail. L’argument avancé par le Premier ministre ne suffira probablement pas à dissiper les inquiétudes, alors que le gouvernement doit déjà faire face à une fronde parlementaire et sociale sur d’autres fronts.