Journal de l'économie

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Carbone. Carbone. Carbone. Le mantra carbone de la COP28.





Le 6 Décembre 2023, par Philippe Cahen

La COP28 se lance dans le langage convenu : moins de carbone et les riches doivent payer. Aura-t-on sauvé les +1.5°C de l’Accord de Paris ? Non.
En quelques mots, pourquoi les signaux faibles sont sceptiques depuis des années, pourquoi la prospective n’est pas la suite du présent ?


Image Flickr
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1.    Démographie et richesse à 2045
Nous sommes 8 milliards de Terriens. Vers 2045 nous serons proches de 10 milliards. Nous passons d’un coefficient 100 à un coefficient 125 en nombre. En richesse, nous passerons d’un coefficient 100 à un coefficient 130. Qui plus est, nous passerons de 50% d’urbains à 75% d’urbains, théoriquement.
C’est donc un nouveau monde qui se dessine. Qui doit être inventé. C’est de la prospective. Or tout ce que l’on entend aujourd’hui est du registre de la continuation du monde d’aujourd’hui.

2.    Le carbone ET le méthane
Alors bien sûr le carbone est le principal gaz à effet de serre et bien sûr il est le principal facteur du dérèglement climatique.
Le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre ; responsable du tiers du dérèglement climatique, son pouvoir de réchauffement est 80 fois supérieur au carbone sur 20 ans. Sa principale source est l’agriculture (les animaux, les rizières) et donc qu’en sera-t-il avec 10 milliards d’humains ? Il provient aussi des rejets et les fuites provenant des énergies fossiles. Il est aussi lié au volcanisme et à la fonte du permafrost (le sol gelé en permanence) dont le réchauffement ne fait qu’accélérer la production de CH4. Ici, il est voué à de très fortes émissions.

3.    Le carbone, matière première !
Rien ne se perd, tout se transforme ! Paradoxe, n’est-ce pas ! À part le captage et l’enfouissement, le carbone est … une source de carbone, mais avec beaucoup d’énergie pour produire du méthanol (hydrogénation), des carburants aéronautiques et du polycarbonate (électroréduction), du béton par injection de CO2, etc. Il faut beaucoup d’énergie ? La géothermie est une énergie renouvelable et permanente.

4.    Surtout, ne parlez pas de climatisation
C’est le mot interdit à la COP28, à Dubaï. Le nano signal faible. D’ici à 2050, l’air conditionné dans les pays émergents doublera les émissions de CO2. En France par exemple, Saint-Étienne consomme le moins d’énergie, Aix-en-Provence le plus : une des raisons, la climatisation et la ventilation. La France des canicules est menacée de coupures d’électricité comme la Californie. Quant au gaz des climatiseurs (et réfrigérateurs) les HFC qui ont remplacé les CFC ont un pouvoir de réchauffement de 14.800 fois plus  élevé que le CO2.
Chuttt. Sujet interdit à Dubaï. Espérons toutefois que des pays comme la Chine et l’Inde améliorent la performance des installations.

5.    Alors, quelle urgence ?
L’urgence est de parle « solutions opérationnelles » et non « problèmes » à coups de milliards de dollars. L’urgence est d’accumuler les solutions au niveau le plus petit, que ce soit un quartier ou l’individu avec un objectif : vivre mieux en consommant moins. Le sujet n’est pas la déconsommation surtout lorsque certains pays qui ont vécu abondamment du carbone prétendent faire la morale aux autres en leur ordonnant de ne pas en consommer.

La frugalité, pas la sobriété.

La question absente à la COP28 est l’évaluation de notre vivre mieux, pas celui du vivre moins.

Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa


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