Journal de l'économie

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Combien vaut un produit ?





Le 3 Novembre 2023, par Philippe Cahen

Entre une chemise à 15 € et une chemise à 150 €, entre un téléphone mobile à 100 € et un équivalent à 1500 €, entre un billet d’avion à 50 € ou le même trajet à 500 € … quelle différence ? Quelles différences ?


Nous achetons un service, une marque, une possession ; pour 40 % des Français, l’achat est d’abord un prix, une affaire. Quant à la santé, elle apparait comme gratuite grâce à la « carte verte », la Carte Vitale. Et le jeudi veille des vacances de Toussaint, les médias parlaient vacances, train, repos ; les mots inflation, pouvoir d’achat, salaires, avaient disparu. Quelle est la valeur des produits, des services, voire de notre temps de vie.

La consommation sans fin

Nous sommes dans un monde utilitariste, vers l’intérêt matériel, personnel. Un exemple : les 8 milliards de Terriens consomment chaque année 100 milliards de pièces d’habillement, soit 12,5 pièces par personne et par an, 18 si l’on’ supprime’ les 2,5 milliards de Terriens qui vivent avec moins de 2 $ par jour et par personne. En France c’est 40 pièces, avec des placards pleins dont un nombre significatif de pièces est porté une fois ou jamais. L’habillement n’a plus de valeur financière voire d’usage pour un grand nombre de Terriens.

La démonstration peut être élargie à l’électronique, au mobilier, aux articles de bricolage. Voire aux voyages. La plupart des produits sont importés. Nous achetons une main-d’œuvre peu payée ou remplacée par de l’automatisation (qui supprime le plus souvent les tâches répétitives sans valeur ajoutée).

Les grands oubliés : le carbone et les déchets

L’industrie textile représente 6 à 7 % des émissions mondiales de carbone, auxquelles il faut ajouter la pollution des rivières et deux tiers de produits synthétiques dont le recyclage est transféré aux consommateurs et qui eux-mêmes les transfèrent à certains pays d’Afrique comme le Ghana qui rejettent la plupart des produits dans les océans.

Reste qu’avant la fin des années 2020 le carbone d’importation sera pénalisé dans l’Union européenne et la Californie y légifère.
Il s’ajoutera un coût de recyclage des déchets – des produits fabriqués - que le G7, 43,5 % de la richesse mondiale, va introduire petit à petit afin de sauver ce qui est encore sauvable de l’impact climatique de la production et de la consommation mondiale.

L’écart de salaire entre l’occident et l’Asie occidentale

Après une quarantaine d’années de croissance des salaires inférieure à la hausse de la productivité et de la rémunération du capital, les salaires des Occidentaux balancent entre deux opposés. L’inflation freine l’augmentation du pouvoir d’achat et le chômage bas exerce une pression pour des hausses de salaire sur un marché du travail tendu, et l’augmentation des taux joue contre les salaires. Quant à l’Asie occidentale, dont principalement la Chine, les salaires sont en hausse sur une longue période.
Ce différentiel des salaires est lent à se réduire, mais d’ici la fin des années 2020 ils seront proches. Dans certains cas, aux États-Unis, le différentiel est déjà nul depuis plusieurs années.

Le consommateur remplacé par le frugavore

Or les produits sans valeur coûtent de plus en plus cher aux pays en charges de recyclage et sont synonymes de surconsommation.

La frugalité - vivre mieux avec moins –va s’installer et encouragera ou imposera la durée de vie plus longue, la réparabilité et la réflexion sur la nécessité de chaque service comme par exemple les déplacements.

Le produit – neuf – va retrouver une véritable valeur et par là même un véritable prix du salaire de celui qui l’a fabriqué et de l’impact du produit sur l’environnement. Il est possible d’imaginer à l’extrême que le produit vendu reçoive comme pour le médicament, une AMM, une autorisation de mise sur le marché : le produit apporte-t-il une différence par rapport aux produits existants et une véritable amélioration de la vie des consommateurs. Le produit aura alors une véritable valeur de fabrication comme d’usage, voire de déchet.

D’ailleurs , parlerons-nous encore de consommateur ou plutôt de frugavore, celui qui par passion et compréhension du monde de demain veut vivre mieux en consommant moins !
 
 Je repars en plongée …

Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa
 


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