Journal de l'économie

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Le nomade, le sédentaire et le hors-sol





Le 11 Septembre 2023, par Philippe Cahen

L’Homme a changé la nature de sa présence sur Terre. Il est devenu hors-sol dans ses produits comme dans sa pensée et sa réaction à changer le monde. Le nomadisme des migrants est faibles, le nomadisme des touristes est fort. Quels signaux faibles pour le futur ?


Image PxHere
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La sédentarisation de l’Homme a 11.000 ans en Asie Centrale. Ainsi se sont développés l’agriculture, l’élevage et l’artisanat, les villages puis les villes, et les échanges fondés sur la compétence de chacun et du temps consacré pour transformer et fabriquer des produits.

Avec les transports, les échanges fondés sur la compétence et le temps ont été complétés par des matières ou produits rares et chers. Ces épices, bijoux ou tissus étaient réservés aux « seigneurs » et aux « prêtres ». La machine à vapeur – l’entrée dans l’anthropocène, début XIXe s. - abaissa le prix des produits. Il devint plus courant d’acheter des produits moins chers venus d’ailleurs. Une révolution industrielle et de consommation.

Un avion comme une carotte est la somme de produits et de compétences du monde entier.
Le produit de chez soi fabriqué ailleurs est donc récent et s’est accéléré depuis 1990. Le lieu de conception n’est pas le lieu de fabrication ni le lieu de vente. Le meilleur exemple est l’avion. Depuis une trentaine d’années, c’est banal. Quant à notre alimentation, chaque produit même frais comme la carotte a poussé et grandi avec des compléments chimiques ou naturels d’origines géographiques variées, a fait des milliers de kilomètres avant de terminer dans notre assiette. C’est l’ordinaire.

Les produits ont moins voire plus de valeur. Le consommateur en est heureux, la société en est bouleversée. Nous sommes dans une société de consommation et de destruction. Même des vêtements neufs sont jetés dans leurs emballages d’origines !
Aujourd’hui le Terrien hors-sol est révolutionné par la santé, le savoir et le temps.

Jamais sa santé ne fut meilleure par son alimentation saine et de qualité et un contrôle poussé, par une médecine performante sans comparaison avec le passé. Jamais son savoir ne fut plus grand et plus accessible. Lorsqu’il était « sol » (sédentaire d’origine) son savoir était dans les us et coutumes de sa vie locale. Aujourd’hui « tout » est disponible selon sa curiosité.

Enfin le temps est l’une des plus grandes révolutions du demi-siècle passé. Avec une vie plus longue, une journée de travail moins longue, le Terrien dégage du temps autre que pour dormir, manger et travailler, pour des loisirs, ses voyages, le tourisme.

Jamais dans toute l’histoire de l’humanité la génération la plus jeune n’a autant appris à la génération précédente des outils indispensables du moment à cette vie hors-sol. La génération Z apprend à la génération Y qui a appris à la génération X.

De 8 à 10 milliards de Terriens

Or nous sommes 8 milliards de Terriens, et dans 20/25 ans, nous serons 2 milliards de plus ! Il faudra ajouter les transports, les logements, l’alimentation, la santé, le savoir, etc. pour des Terriens aux trois quart urbains, encore plus riches et plus hors-sol.
Hors-sol car la ville est un monde artificiel. Hors-sol car l’humain est de moins en moins en contact direct permanent avec le sol et le climat.

C’est enivrant mais cela interroge.

Le futur nous interroge. Non pas qu’il faille remettre en cause les conquêtes, mais que le hors-sol fait perdre les références : les recherches pour améliorer la santé sont sans fin; le savoir est de plus en plus « universitaire » et éloigné … du sol ; le temps est une conquête sans limite (notamment en France) plus comme un dû que comme un mérite.

Le hors-sol est devenu un immense consommateur destructeur comme pour se convaincre de sa quête de … l’inatteignable étoile, de l’insatisfaction permanente de consommation, de l’« avoir » au détriment de l’« être ».

Or l’avion et la carotte, mais aussi le smartphone et le vêtement ont déréglé la Terre, le climat, la faune et la flore.

Le chaos de la prospective se situe aussi là : comment concilier les hors-sol qui disent : « nous allons dans le mur et non seulement de plus en plus vite, mais le mur se déplace vers nous » et les hors-sol qui disent « tout arrêter est de la folie, c’est mettre des millions de personnes sans emploi et créer une révolution sociale jamais vue ».
Les uns et les autres ont raison. Comment concilier ces chaos irréconciliables.
 

Je repars en plongée…

Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir  », éd. Kawa


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