Journal de l'économie

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Prédation, manipulations, espionnage: La Revue des Affaires vous entraîne dans la jungle économique





Le 18 Juillet 2016, par

Cet été, la Revue des Affaires consacre un numéro inédit aux grands affrontements et à la conflictualité dans le domaine économique. Au programme: des OPA hostiles et des fonds vautours, de l'espionnage, de la manipulation et des coups tordus en tous genres... Bref, un regard éclairé mais piquant sur la réalité du monde des affaires, côté coulisses. Découvrez ci-après son sommaire détaillé.


Brutalité économique : la fin des politesses

OPA hostiles et raids financiers : des batailles de chiffres, de valeurs et d’ego (Olivier Meier)  
Sous des airs de mariages sans consentement, OPA hostiles et raids financiers défraient régulièrement la chronique : pas une semaine ne passe sans que la presse économique rapporte une tentative de rachat non sollicitée. En ces temps de tempêtes boursières à répétition, en effet, le cours des actions de certaines sociétés peut être malmené, rendant les sociétés cibles particulièrement vulnérables aux tentatives d’abordage financier. Pour échapper à ces prises de contrôle importunes, celles-ci peuvent alors solliciter, en dernier recours, une offre amicale auprès d’une entreprise tierce alors qualifiée de « chevalier blanc ». Pirates de la bourse d’un côté, nobles chevaliers de l’autre… Ne nous y trompons pas : malgré ces apparences de fable allégorique, une OPA hostile est une manœuvre brutale généralement drapée de secret, qui se prépare avec minutie et sens de la tactique. Ce sont les coulisses et les rouages de ces opérations que nous expose ici Olivier Meier, directeur de recherche au CNRS et éminent spécialiste des fusions et acquisitions.
 
Fonds vautours et restructuration des dettes souveraines: la nécessaire régulation de duels au sommet (Nicolas Falomir Lockhart)
Depuis des années, l’Argentine était le théâtre d’un bien étrange ballet dans son ciel : celui des « fonds vautours », ces fonds d’investissement spéculatifs spécialisés dans l’achat à vile prix de dettes émises par des débiteurs - en l’occurrence, les dettes souveraines des états - proches du défaut de paiement. Quel intérêt, vous demandez-vous ? Leur stratégie est en réalité assez simple. Il s’agit pour eux de réaliser une plus-value lors de la phase de restructuration de la dette ou, comme c’est le cas plus souvent, de refuser la restructuration et d’obtenir par décision de justice le remboursement de leur créance au prix fort. Et ce type d’opération est rentable. A tel point, ainsi que le souligne l’universitaire américain Mitu Gulati, que les fonds vautours vont désormais « traquer les dettes souveraines aux quatre coins du monde ». Nicolas Falomir Lockhart, chercheur spécialisé sur le sujet, décortique ici les mécanismes de ces passes d’armes et nous explique en quoi il est devenu impératif de mieux réguler la restructuration des dettes souveraines dans un cadre supranational.           
 
Concentration, concurrence et brevets : un juriste dans la jungle pharmaceutique (Entretien avec Gilles Bigot, avocat et managing partner de Winston & Strawn)   
Le secteur pharmaceutique est réputé pour être un environnement économique particulièrement hostile. A vrai dire, il représente à lui seul un concentré de motifs de tensions et de conflictualité : concurrence exacerbée, opérations de concentration à répétition, guerre des brevets, débats éthiques, réglementations nationales sur la recherche, défiance de l’opinion publique… S’y ajoutent des contraintes opérationnelles, économiques, réglementaires et administratives hors du commun. Dans un tel contexte, nous avons souhaité dresser un panorama des enjeux stratégiques auxquels sont confrontées les entreprises pharmaceutiques en compagnie de Gilles Bigot, avocat spécialiste du droit de la santé, responsable des départements Corporate et Contentieux chez Winston & Strawn. 
 
Les entreprises françaises à la conquête de zones hostiles (Thierry d’Arbonneau) 
Conquérir de nouveaux territoires économiques est un art dont les ressorts sont parfois très proches de ceux de l’art de la guerre. C’est, du moins, ce que nous enseigne le témoignage de l’Amiral Thierry d’Arbonneau, ancien commandant des forces sous-marines françaises, qui a dirigé la Direction de la Protection du Patrimoine et des Personnes (D3P) chez Areva pendant six ans.

Intelligence économique et guerre de l’information

Les métiers de la guerre de l’information (Christian Harbulot)
L’information a-t-elle supplanté l’argent au rang de premier nerf de la guerre ? Pour les professionnels de l’intelligence économique, il est permis de le penser. Qu’il s’agisse de lutte contre le terrorisme, de conflits boursiers, de duels concurrentiels au sommet pour remporter de grands appels d’offres internationaux, ou de batailles visant à imposer de nouvelles normes, notre monde est empreint de guerres virtuelles, psychologiques et silencieuses aux effets bien tangibles et potentiellement dévastateurs. Ces guerres, menées tantôt par des mercenaires, tantôt par des états, ce sont celles du savoir, des esprits, de l’image. On les nomme « communication d’influence », « perception management », ou « infoguerre ». Mais qu’importe la sémantique. Les techniques liées à l’acquisition, au traitement et à la diffusion de l’information stratégique et sensible répondent souvent aux mêmes objectifs : mettre l’adversaire au tapis, ou conquérir l’adhésion des parties prenantes. Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique, est bien placé pour le savoir. Il nous livre ici quelques clés pour mieux saisir les enjeux de la maîtrise de l’information, et nous permet de mieux comprendre qui sont ces nouveaux professionnels de la guerre de l’information. Celle-ci demeure, ne l‘oublions pas, une guerre asymétrique d’un genre totalement nouveau.
 
L’arme informationnelle dans la nouvelle conflictualité médiatique (François-Bernard Huyghe)
Depuis la déstabilisation psychologique de l’adversaire à l’époque de Sun Tzu, jusqu’à l’émergence du ‘perception management’ dans la doctrine militaire américaine à l’époque de la guerre froide, en passant par les techniques de propagande héritées du culte impérial dans l’Antiquité… De tous temps, le maniement de l’information a été employé comme une arme, un instrument de pression, d’intimidation et un levier d’influence. Car, rappelons-le, les offensives informationnelles restent, avant toute autre chose, des opérations psychologiques, ou « psyops », pour reprendre une terminologie militaire. Ce qui a radicalement changé en revanche, au cours des dernières années, c’est l’anarchisation des batailles informationnelles jusque-là pourtant bien rangées. L’arme informationnelle n’est plus l’apanage d’une poignée de puissants initiés ; Internet a démocratisé l’accès à ce moyen de lutte non-conventionnel, plongeant ainsi entreprises et états dans un contexte de guérilla informationnelle et d’alerte permanent. François-Bernard Huyghe, réputé pour ses travaux dans les domaines de la médiologie, de l’influence et de la stratégie, explore un versant obscur de la société de l’information et en dresse pour nous un portrait sans concession.            
 
Edward Louis Bernays, le maître de l’influence (Ludovic François & Romain Zerbib)
Bien que les premières techniques de propagande recensées remontent aux prémices de notre civilisation, c’est en 1895 que, pour la première fois, les « foules » firent l’objet d’un effort de compréhension et de modélisation. A cette date, en effet, paraît l’ouvrage Psychologie des foules, du docteur Gustave Le Bon. Au fondement du concept moderne « d’opinion publique », voire d’une nouvelle discipline qui deviendrait plus tard la psychologie sociale, les travaux du médecin furent précurseurs d’une nouvelle approche de la communication, portée trois décennies plus tard par un neveu de Freud, Edward L. Bernays. Ce dernier, auteur du sulfureux « Propaganda », est aujourd’hui reconnu comme l’un des pères fondateurs du marketing contemporain. Ludovic François et Romain Zerbib, tous deux auteurs d’un ouvrage de référence sur le thème de l’influence, retracent pour nous le parcours et l’œuvre de celui qu’on peut, à plus d’un titre, considérer comme un alchimiste du sens.       
 
Enjeux et boîte à outils de la sécurité économique (Nicolas Moinet)
Disserter sur l’état d’un monde de plus en plus hostile aurait un sens partiel, si nous n’abordions pas les enjeux concrets et les moyens de la sécurité économique. Car c’est un fait, l’économie française est en proie à de nombreuses offensives, et les PME n’y échappent pas davantage que les grands groupes. Ces offensives peuvent être le fait de concurrents mal intentionnés, d’officines privées ou de services de renseignement étrangers. Vols, espionnage, atteintes à l’intégrité des biens, des systèmes d’information, voire des personnes, atteintes à la réputation… sont autant de réalités qui ponctuent le quotidien des professionnels de l’intelligence économique comme celui des services spécialisés de la Gendarmerie nationale, et qui sont susceptibles de faire perdre des montants colossaux aux entreprises françaises. Nicolas Moinet, l’un des plus grands experts universitaires sur les sujets d’intelligence économique, nous propose un vade-mecum des bons réflexes à adopter pour se prémunir du risque de malveillance. Puisque notre environnement est hostile, autant éviter de se mettre inutilement en danger.
 
Stratégie juridique et réputation de l’entreprise (Didier Danet)
Les attaques informationnelles font aujourd’hui partie d’un arsenal accessible au plus grand nombre. Or, certaines de ces attaques visent expressément à porter atteinte à la réputation d’entreprises ou de leurs dirigeants. En effet, les assaillants - concurrents, contestataires et cyber-activistes de tous bords - ont bien compris que la réputation est devenue, dans notre société de l’information, un actif immatériel d’une valeur inestimable. Et pour cause : la valorisation financière de certaines marques d’envergure internationale peut allégrement dépasser la barre des 100 milliards de dollars ; en outre, il est avéré que la réputation d’un dirigeant affecte directement le niveau de confiance que lui accordent ses actionnaires et collaborateurs par exemple, ce qui n’est pas sans répercussions concrètes sur la performance opérationnelle et économique de l’entreprise. Il est donc légitime que l’entreprise s’interroge sur les leviers de sécurisation de sa réputation. Bâtir une solide réputation est un méticuleux travail d’ingénierie du sens, qui prend des années de développement, tandis que quelques heures suffisent à l’anéantir. Didier Danet, spécialiste des questions de conflictualité contemporaine notamment sous le prisme des stratégies judiciaires, examine dans cet article les procédés par lesquels il est possible de faire valoir ou de défendre une réputation à l’aide du droit.      
 
Directive européenne sur le secret des affaires : la reconnaissance d’un capital immatériel stratégique (Olivier de Maison Rouge)
On considère généralement à tort le patrimoine informationnel de l’entreprise comme relevant du seul champ de la propriété intellectuelle. Cette approche éminemment restrictive de l’information stratégique exclut de fait les informations sensibles qui relèvent du corpus juridique, financier, commercial… Or, l’obtention frauduleuse de ces dernières par un concurrent mal intentionné, par exemple, peut mettre à mal le leadership et les perspectives de développement d’une entreprise sur un marché, compromettre sa candidature à un appel d’offre, ou encore faire avorter prématurément des négociations importantes (fusions & acquisitions, accords de coopération commerciale ou scientifique, etc.). Ajoutons à cela que de nombreux innovateurs renoncent à breveter leurs inventions de peur de divulguer trop d’informations et perdre ainsi le bénéfice de leur avance technologique.
Face à l’ampleur du risque de déstabilisation des intérêts économiques européens, dont l’espionnage industriel et commercial est souvent à la source, et face au caractère inédit des nouvelles menaces qui pèsent sur les entreprises dans une économie de la connaissance, l’idée de renforcer et d’harmoniser le régime juridique des « secrets d’affaires » a progressivement fait son chemin. En effet, l’obtention frauduleuse et la divulgation d’informations sensibles ou stratégiques peuvent se traduire de diverses façons : vol de documents, intrusions physiques ou informatiques, techniques d’ingénierie sociale… Et le contexte de concurrence exacerbé dans lequel évoluent les entreprises aujourd’hui ne risque guère d’adoucir les mœurs. Olivier de Maison Rouge, avocat spécialiste des questions de propriété intellectuelle et de défense du patrimoine informationnel, revient sur l’adoption au mois d’avril 2016, par le Parlement européen, de la « directive sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués ».
 
Intelligence économique et compliance : les enjeux informationnels et managériaux de la Loi Sapin II (Pierre Memheld)
Le terme de « compliance » peut être entendu comme l’ensemble des mesures et des procédés qui permettent à une entreprise de s’assurer du respect de normes éthiques et juridiques par ses dirigeants et son personnel. Ses enjeux sont à la fois offensifs (une entreprise peut ainsi faire valoir une certaine forme de moralité à des fins de communication et de renforcement de sa réputation), et défensifs (par exemple dans le cadre d’une gestion de crise, en plaidant la défaillance plutôt que l’absence de dispositif anti-corruption en interne si un quelconque manquement aux règles élémentaires de l’éthique était avéré). La lutte contre la corruption, d’ailleurs, représente un volet prédominant des systèmes de compliance pour les entreprises qui, plus particulièrement, évoluent à l’international et à plus forte raison, dans le cadre d’appels d’offres internationaux. En effet, le risque « corruption » incarne un risque croissant pour les entreprises françaises. Car évoluer à l’international implique de tenir compte d’une multitude de vecteurs de risque tels que les différences culturelles (rapport à l’argent par exemple) et institutionnelles (réglementations nationales très hétérogènes), ou encore le poids du crime organisé et des « réseaux d’affaires » dans la gouvernance de certains pays. Mettre en œuvre une politique de compliance digne de ce nom n’est donc pas sans implications managériales, financières et politiques lourdes. Pierre Memheld, expert en intelligence économique et fin connaisseur des questions de développement international, nous explique en détail ce qu’il en est.

Guerre économique : la France au cœur de la mêlée

L’économie, c’est la guerre (Entretien avec Frédéric Charpier, journaliste d’investigation)
Les services de renseignement des grandes puissances sont reconnus pour être de véritables administrations de l’ombre, constituant de véritables organes de diplomatie parallèle, et échappant parfois au contrôle de leurs autorités politiques de tutelle. Or, en coulisses, les relatons internationales sont bien moins protocolaires et obséquieuses qu’on l’imagine. Les enjeux de puissance et d’hégémonie que sous-tend la conduite des grandes affaires économiques, notamment, justifient le recours aux manœuvres les plus « exotiques ». Sur cet immense échiquier, la France a su rester une pièce maîtresse, rivalisant d’audace et de volontarisme avec son plus redoutable allié, la toute-puissance américaine. Nul meilleur enseignement que cette citation de Voltaire, donc : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ». C’est en tout cas la réflexion que nous inspire notre entrevue avec Frédéric Charpier, journaliste d’investigation spécialisé dans le domaine du renseignement.
 
Au service de la France (Entretien avec Alain Juillet, ancien Haut Responsable à l’Intelligence Economique)
Au début des années 2000, une affaire d’un genre nouveau pour les médias a attiré les projecteurs sur une autre dimension de la guerre économique. L’entreprise Gemplus, inventeur de la carte à puce, passe sous contrôle d’un fonds d’investissement de la CIA à destination des entreprises de haute technologie, baptisé In-Q-Tel. Aussitôt, la classe politique s’indigne mais c’est trop tard : faute d’avoir résolument fait de l’intelligence économique une politique publique, les intérêts économiques français, plus que jamais, sont en péril. C’est ce qu’explique, en substance, un rapport parlementaire de 2003 remis par Bernard Carayon au Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin. Immédiatement, un poste de Haut Responsable à l’Intelligence Economique est créé. Ce haut responsable, les services du Premier Ministre le trouvent en la personne d’Alain Juillet. A l’époque, l’homme apparaît providentiel : ancien dirigeant d’entreprise à haut niveau, il fut aussi nommé en 2002 directeur du renseignement à la DGSE. Un homme, donc, qui connaît la gouvernance des affaires économiques aussi bien que leurs coulisses. Il répond à nos questions.       
 
 
Intelligence économique : quel rôle pour l’Etat français ? (Entretien avec Claude Revel, ancienne Déléguée Interministérielle à l’Intelligence Economique)
Quel rôle précis l’Etat doit-il exercer en matière d’intelligence économique ? Cette problématique soulève, de façon sous-jacente, des questions d’ordres éthique, juridique, politique et diplomatique. Par exemple, quel seuil de porosité entre le privé et le public est-il impossible de dépasser ? Jusqu’où l’Etat peut-il se permettre d’interférer dans le cadre d’un projet de fusion ou d’acquisition transnational ? Peut-il s’arroger des prérogatives régaliennes dans un contexte concurrentiel régi par des accords supranationaux ?
On parle souvent de patriotisme économique en France, certes. Mais nous vivons aujourd’hui dans un monde totalement ouvert, où les règles du commerce international et de la concurrence régulent, à un niveau supranational, les comportements des acteurs économiques. Ainsi, la France peine-t-elle encore à entériner une doctrine définitive et un cadre de référence à son action. Mais le volontarisme des pouvoirs publics en matière d’intelligence économique a déjà permis de réaliser de grandes avancées et de mobiliser de nombreux acteurs publics autour de la préservation des intérêts économiques de la nation, comme nous l’explique Claude Revel. Déléguée interministérielle à l’intelligence économique entre 2013 et 2015, cette diplômée de l’ENA y a significativement contribué. Elle nous raconte comment.
 
La France a-t-elle perdu l’esprit de conquête ? (Loïk Le Floch-Prigent)
« L'économie est la nouvelle guerre mondiale. La France l'a-t-elle déjà perdue, ou peut-elle encore faire partie du camp des vainqueurs ? » C’est la problématique qu’explore ici, avec un empirisme éclairé, celui qui a exercé les plus hautes responsabilités à la tête de grands groupes français pendant près de vingt ans. Pour Loïk Le Floch-Prigent, auteur de « La bataille de l’industrie », il est urgent de repenser la gouvernance des affaires économiques en France.  Entre vibrant plaidoyer pour une émancipation entrepreneuriale, et réquisitoire sans concession à l’encontre du système politique hexagonal, l’analyse de ce grand patron ne laissera personne de marbre.           

Stratégies de puissance et affrontements géoéconomiques

Guerre et pacification monétaires : la monnaie, pilier des stratégies de puissance (Christian Dargnat)
Georges Clémenceau avait pour habitude de dire que « la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires ». Quant à la politique monétaire, elle est manifestement une chose trop grave pour être confiée aux dirigeants politiques. C’est, en tout cas, la réflexion qu’inspire la lecture de cette analyse que nous livre ici Christian Dargnat. Lui qui a exercé de hautes responsabilités dans le secteur bancaire pendant plusieurs années, est sans doute l’un des meilleurs experts actuels sur le sujet. Sa démonstration, d’une précision horlogère et d’un implacable déterminisme, nous aide à mieux comprendre en quoi l’arme monétaire doit impérativement être maniée avec la plus grande précaution. Et s’il fallait en retenir un enseignement, ce serait probablement celui-ci : grandes manœuvres monétaires et volontés hégémoniques sont étroitement liées. Toutefois, il est nécessaire de garder à l’esprit que telle la découverte d’une boîte de Pandore, quiconque ouvre les hostilités monétaires expose le système économique mondial tout entier au risque d’un déluge.                                           
 
En eaux troubles : plongée au cœur de la NSA (Entretien avec Claude Delesse, directrice de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement)
La plus secrète des agences de renseignement, l’Agence Nationale de Sécurité américaine, est sous le feu des projecteurs depuis les révélations d’Edward Snowden. Pour autant, et en dépit de l’ampleur qu’a pris ce scandale d’espionnage à grande échelle, nous sommes encore loin d’avoir découvert l’ensemble de ses prérogatives et de ses moyens d’action clandestine. Car, loin de se contenter d’espionner massivement, depuis l’individu lambda au décideur politique en passant par les dirigeants industriels ou les hackers, la NSA déploie aussi des trésors de savoir-faire pour manipuler, dénigrer, déstabiliser ou neutraliser ses adversaires avec le soutien de services alliés, comme le GCHQ britannique. Claude Delesse, directrice de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et auteur d’un ouvrage sur le sujet, nous dévoile soixante ans d’une histoire aussi inquiétante que fascinante.
 
Les sanctions économiques : arme diplomatique américaine (Astrid Kwapinski)
Le recours aux sanctions économiques est une mesure parfois mal comprise, et la plupart du temps l’objet de nombreuses polémiques. Les Etats-Unis, en particulier, disposent d’un arsenal auquel ils n’hésitent pas à recourir de manière abusive, aux dires de leurs détracteurs, à des fins concurrentielles ou politiques. Par exemple, le FCPA (Foreign Corrupt Practices Act) permet au Département américain de la Justice de poursuivre et de demander l’extradition de n’importe quel individu, même de nationalité étrangère, pour des infractions commises… en dehors du territoire américain. Astrid Kwapinski, juriste franco-américaine travaillant pour le compte de grands groupes français, nous explique les spécificités de la doctrine américaine en matière de sanctions économiques.  
 
Technologie politique et guerre de l’information dans la Russie contemporaine (Olivier Schmitt)
Elle est loin, l’époque de la propagande stalinienne, avec ses photomontages, ses manifestations de liesse « spontanées », et ses éloges panégyriques… Une chose n’a pas changé, cependant : le recours totalement décomplexé aux media comme véhicules d’un prêt-à-penser et d’une idéologie quasi-cultuelle, à la gloire d’un empire reconstitué et de ses « dirigeants libérateurs ». Aujourd’hui, la télévision et les sites d’information en ligne ont remplacé la Pravda. Mais comme pour légitimer et instiller un supplément d’âme dans sa stratégie d’hégémonie, le Kremlin a institutionnalisé le recours à la « technologie politique », une doctrine de communication dont Olivier Schmitt nous explique qu’elle dépasse, de loin, les méthodes traditionnelles de storytelling et de communication politique occidentales. Selon le chercheur, tous les moyens sont bons pour soutenir l’effort de guerre informationnelle dans laquelle s’est précipitée la Russie moderne.        
 
Crises au Levant : une grille de lecture énergétique (Caroline Galactéros)
Notre monde est-il entré dans un irréversible cycle de balkanisation, sous l’effet de la lutte sans merci que se livrent les principales puissances pour contrôler les stocks et l’acheminement des hydrocarbures ? La question peut paraître saugrenue, à l’heure où l’on nous martèle que les énergies renouvelables sont une solution techniquement et économiquement viable, tout de suite. Pourtant, à considérer la brutalité avec laquelle on s’arrache le moindre baril, il est encore difficile de croire que les sources d’énergie conventionnelles appartiennent à une époque révolue. Le Moyen-Orient, plaque tournante de nos approvisionnements, est ainsi devenu le théâtre de manipulations qui dégénèrent en conflits sanglants. Serait-il victime de ses propres richesses naturelles ? Sous le prisme de la grille de lecture énergétique que nous soumet Caroline Galactéros, le conflit armé qui fait désormais rage en Syrie prend un sens nouveau.                           
 
Mers et océans : entre privatisations et enjeux de souveraineté (Viviane du Castel)
Les mers et les océans aussi, peuvent être le théâtre de dangereuses querelles entre des puissances qui cherchent à préserver ou à étendre, au-delà de leur zone économique exclusive, l’exercice de leurs droits souverains (exploration et usage des ressources, ouverture de nouvelles routes maritimes ou encore présence militaire en mer). Les tensions permanentes en mer de Chine méridionale en sont un exemple parmi d’autres.  Si certains conflits territoriaux prêtent à sourire (pensons à la « guerre de la morue » entre l’Islande et le Royaume-Uni), d’autres sont d’autant plus durs qu’ils portent sur des zones ou les perspectives de la prospection pétrolière et gazière sont alléchantes. Ainsi, l’archipel du Svalbard est-il l’objet d’un différend entre la Norvège et la Russie depuis de nombreuses années. L’océan glacial arctique est en effet réputé pour être particulièrement fertile en hydrocarbures. D’ailleurs, il n’est pas rare de constater la présence de sous-marins nucléaires russes dans la zone. Dans un tel contexte, la puissance maritime mondiale qu’est la France (elle dispose du deuxième domaine maritime mondial derrière des Etats-Unis) doit impérativement se doter d’une stratégie de puissance et de souveraineté volontariste, comme l’explique Viviane du Castel.            

Ethique des affaires et esprit du capitalisme

Comprendre les rapports de force entre l’entreprise et l’opinion (Entretien avec R. Edward Freeman, Professeur à la Darden School of Business de l’Université de Virginie)
Philosophe américain et Professeur de stratégie réputé, Edward « Ed » Freeman est aujourd’hui considéré comme un véritable gourou du management par ses pairs ; mais aussi par les patrons des plus grandes entreprises mondiales, qui se disputent ses précieux conseils en matière d’éthique des affaires. Edward Freeman s’est en effet distingué à de nombreuses reprises depuis les années 80 grâce à ses travaux sur le management des parties prenantes, qui ont ouvert précocement la voie au concept de responsabilité sociale en introduisant le sens de « ceux et ce qui compte(nt) vraiment* ». Le nouveau paradigme, qu’il nous expose ici, constitue une grille de lecture intéressante pour quiconque veut identifier les racines d’une défiance croissante à l’encontre du monde de l’entreprise.   

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