Journal de l'économie

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Sécurité et liberté, paradoxe ou contradiction ?





Le 26 Mai 2021, par Nicolas Lerègle

Il n’aura échappé à personne que la sécurité risque d’être le thème dominant de la future campagne présidentielle.


Sécurité et liberté, paradoxe ou contradiction ?
Chaque événement, du vol d’un sac à main à un attentat terroriste en passant par des rodéos de cyclomoteurs à Marseille ou un féminicide à Bordeaux en passant par les drogués du jardin parisien Éole et les atteintes aux forces de l’ordre, sera source de débats. Autrement dit, tout événement de ce type sera un excellent prétexte pour proposer, disserter et envisager les mesures qu’il conviendrait de prendre pour éradiquer criminalités grande ou petite, violences urbaine et conjugale, trafics en tous genres, incivisme du quotidien, injures raciales ou antisémites, alcoolisme au volant et bien plus encore.

Quel parti politique pourrait passer à côté d’une thématique qui touche tous les Français de près ou de loin au risque de passer pour décaler des réalités du quotidien et donc des électeurs qui les vivent ?
Quel électeur ne se sent pas concerné par ce sujet susceptible de l’impacter lui ou un de ses proches ? Tous, autant que nous sommes, avons eu l’occasion au moins une fois d’être concerné par cette violence dont on nous rabâche les oreilles à longueur de chaines d’informations en continu.

Attention cependant cette délinquance ne semble pas concerner les cols blancs qui commentent celles des voyous. Un artiste mis en examen pour pédophilie, un présentateur poursuivi pour viol ou pour propos racistes, un élu qui s’affranchit des règles de droit, un acteur qui frappe ses compagnes, ne justifient pas la même vindicte et ne sont pas montés en épingle comme les signes d’une société en déliquescence. Quelques lignes un peu gênées dans la presse et on passe.

Les deux poids deux mesures sont assurément aussi un problème, mais de second ordre aux yeux des médias. Mais si tel n’est pas le sujet, il ne faut pas minorer la désastreuse impression que la morale de la fable « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir » est toujours d’actualité. Elle ne peut qu’attiser les braises d’une violence inhérente à chacun d’entre nous qui, confronté à sa prise en défaut, aura tôt fait de crier son innocence, de vilipender ceux qui « s’en sortent toujours » et de nous faire basculer dans une logique d’opposition au droit qui peut rapidement dépasser les normes raisonnables.

Si on s’arrête à la violence commode, à savoir celles émanant de personnes qui ne nous ressemblent pas, il serait honnête de constater que les formules miracles de leur traitement n’existent pas. Et la lecture des programmes politiques en la matière ne peut que confirmer la médiocrité des solutions proposées qui se caractérisent toutes par un petit air de « déjà vu ». Force alors est de constater que seules des solutions radicales peuvent apporter une esquisse de réponse pouvant aboutir à des effets. Et, à cet exercice il serait dommage de ne pas apporter sa contribution même si elle n’échappait pas à ce « déjà vu » de mauvais aloi.

La question de la sécurité et des libertés publiques est comme le nœud gordien que personne n’arrivait à démêler, Alexandre arrivant d’un coup d’épée l’a tranché et ce faisant, fait disparaitre.

On pourrait ainsi prendre un décret qui invoquerait l’article de la Constitution, selon lequel le président est libre de prendre toute mesure appropriée pour sauvegarder la sécurité publique (état d’urgence par exemple – ce qui semble être le cas selon CNews).
Un texte simple le constituerait. Il ne comprendrait quelques articles:
L’article 1 suspendrait la plupart des libertés civiles garanties par la République – liberté des personnes, liberté d’expression, liberté de la presse, droit à l’association et aux réunions publiques, confidentialités des postes et téléphones, protection du domicile et des propriétés. On pourrait ainsi « ratisser large » sans trop se préoccuper des contraintes de l’État de droit qui sont autant d’obstacles à la tranquillité des citoyens.
L’article 2 transmettait au Gouvernement l’ensemble des prérogatives en matière de sécurité, de sûreté et d’ordre public qui sont aujourd’hui le fait des collectivités locales. La centralisation en une seule main de tous les pouvoirs est en effet une garantie de cohérence de la politique menée et d’assurance d’une bonne exécution des directives prises sans laisser la place à une interprétation qui ne pourrait être que trop libérale ou dilettante.

Les articles 3 et 4 établiraient des peines très lourdes pour certains délits particuliers, notamment la perpétuité incompressible pour l’incendie de bâtiments publics (le saccage de l’Arc de Triomphe est encore dans les mémoires) et de troubles à l’ordre public. Ces peines seraient prononcées en premier et dernier ressort, insusceptible d’appel ou a fortiori de cassation. Bien entendu les droits de la défense seraient assurés dès lors que ceux-ci ne contreviennent pas à la légitimité des dispositions des articles 1, 2, 3 et suivants du décret.
L’article 5 disposerait que le décret prendrait effet le jour de sa proclamation. Ceci afin de ne pas laisser le temps à une opposition par essence de mauvaise foi et fruit de l’incompréhension des attentes réelles des citoyens en matière de sécurité. Évidemment tout cela ne serait que transitoire et ne durerait le temps que la situation redevienne normale, temps d’appréciation là aussi laissé à la discrétion bienveillante du Gouvernement.

La simplicité de ce décret rend inutile toute circulaire d’application qui viendrait compléter ou expliciter ce qui n’a nul besoin de l’être. Cette omission permettra la plus grande liberté d’interprétation de l’esprit de ce texte et d’assurer sa plus efficace application.

On conviendra que ces dispositions programmatiques tranchent le nœud gordien et avec lui les demi-mesures qui sont proposées par les partis politiques prétendant au pouvoir. On peut être nareux et se pincer le nez, mais il faut savoir ce que l’on veut. De l’ordre ou du désordre ? De la sécurité et de la prospérité économique ou la paupérisation liée à l’anarchie ? Des libertés réduites et la tranquillité de sortir le soir ou le laisser aller de quelques-uns troublant la quiétude des honnêtes gens ?

Le fait que cette proposition de décret ressemble, son côté « déjà vu », comme deux gouttes d’eau à celui pris en février 1933 par Hindenburg à la demande d’Hitler après l’incendie du Reichstag ne doit aucunement inquiéter. Les Chinois semblent très bien vivre avec un tel régime et Hitler, en occident, n’est pas encore redevenu à la mode.
 
Nous pouvons donc dormir tranquilles et ainsi donner raison à tous ceux qui expriment leurs intentions de vote vers les extrêmes au nom d’un « ras le bol » des politiques nécessairement coupables, avec leur attachement à la démocratie et aux libertés publiques, de cette insécurité autant ressentie que réelle.

Sécurité et liberté publique …  peut-être que trancher le nœud gordien n’est pas la solution et qu’il n’y a pas de nœud en fait. Le Liberté est notre meilleure alliée contre l’insécurité et ses plus ardents et lucides défenseurs nos meilleurs représentants dans la circonstance
 


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