Le tunnel sous la Manche semble aujourd’hui une chose acquise, presque banale, mais à l’époque c’était tout à fait autre chose. Son coût a atteint les 15 milliards d’euros, et sa construction serait pratiquement impossible aujourd’hui en l’état du marché. Outre le percement du tunnel en lui même, Alstom a imaginé et produit un train aux capacités spécifiques (c’est Siemens qui a pris le relais de la construction de rames depuis 2010).
Eurostar concurrence largement les compagnies aériennes, puisque le train sous la Manche atteint les 80% du marché sur le voyage Paris-Londres. Il a cependant fallu se montrer très patient pour voir les premiers fruits de cette aventure : l’entreprise n’est en effet devenue profitable qu’en 2010; l’an dernier, elle a généré 857 millions de livres de revenus pour 54 millions de résultat d’exploitation. Eurostar en a aussi profité pour franchir le seuil des 10 millions de passagers.
La société de transport vise désormais les 14 millions de voyageurs sur ses lignes d’ici à 2020. Elle mise sur sa clientèle domestique, les Français et les Britanniques évidemment, mais aussi sur les voyageurs d’affaire et les touristes du monde entier. Afin d’y parvenir, Eurostar va investir un milliard d’euros sur trois ans pour moderniser sa flotte et ses services à bord. Et en 2016, la concurrence va pouvoir circuler dans le tunnel sous la Manche : Deutsche Bahn a fait connaître son intérêt.