Hervé COUTAU-BÉGARIE, un maître à penser de la stratégie

Nous poursuivons notre étude des figures de la Grande stratégie en nous attardant sur celle plus récente, the las but not the least, du regretté Hervé Coutau-Bégarie.

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Hervé COUTAU-BÉGARIE, un maître à penser de la stratégie
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Hervé Coutau-Bégarie est un auteur et enseignant décédé en 2012, spécialiste des questions de stratégie militaire, en particulier dans l’espace maritime. Il a eu une carrière trop brève, mais riche, ayant produit de nombreuses études et collaboré à de nombreux ouvrages.

Il fut professeur à l’École de guerre et fut le fondateur de l’Institut de Stratégie Comparée (ISC).

Passionné d’histoire militaire, il rédigea notamment les biographies des amiraux Castex (Grand prix de l’Académie française) et Darlan. Parmi ses nombreuses publications, nous relevons son « Traité de stratégie » (Éditions Economica, 2002) ou encore « 2030, la fin de la mondialisation ? » (Éditions Tempora, 2008).

Il était Chevalier de la Légion d’honneur.

À l’instar de Sun Tzu – même s’il lui préférait Von Clausemitz – nous relevons les maximes suivantes :nn« La stratégie prépare et permet le règlement final, mais elle ne conclut pas. Le vrai stratège sait que la victoire militaire n’est qu’une fin intermédiaire et qu’il doit tenir compte des fins ultimes, qui relèvent de la politique. »nn« La stratégie convertit la force (notion quantitative, mesurable) en puissance (notion dynamique, non quantifiable). La puissance c’est le cumul des forces en acte. »nn« L’intelligence stratégique (dans le vrai sens du terme) permet, dans une certaine mesure, de compenser une infériorité matérielle marquée. “On peut vaincre à un contre cinq si on agit avec intelligence” (Souvoroff). »nn« Le conflit stratégique n’est pas une simple concurrence, mais une lutte susceptible de mettre en jeu la survie (physique ou politique) de l’acteur. »nn« La stratégie est un jeu à somme nulle, avec un vainqueur et un vaincu, éventuellement à somme négative, lorsque le vainqueur sort aussi épuisé de la lutte que le vaincu, permettant la montée en puissance de tiers.
Différence avec l’économie, qui cherche à être un jeu à somme positive (théorie des échanges comparatifs), à l’intérieur d’un cadre juridique défini par l’État. »nn« Il est nécessaire de retrouver l’essence de la stratégie : comme l’économie est caractérisée par la recherche de la richesse, la politique par la recherche du bien commun, la stratégie doit continuer à reposer sur le conflit violent, sous peine de s’appliquer à n’importe quoi (…) la volonté de nier le conflit découle d’une préférence idéologique plus que d’une analyse objective de la société internationale. (…) La stratégie est un art, en tante qu’elle est une pratique ; elle est aussi une science, en tant qu’elle est un savoir qui peut faire l’objet d’une étude scientifique (au sens des sciences sociales).  (…) En stratégie, les choses ne se passent jamais comme prévu, il y a un décalage constant entre la conception et l’exécution, c’est la fiction théorisée par Clausewitz. »nn« Le problème fondamental du stratège est de reconnaître la nature du problème auquel il est confronté. »nn« La tâche du stratège est de coordonner des moyens politiques, économiques, militaires, en vue de la réalisation des objectifs poursuivis, dans un environnement constamment changeant.
L’arbitrage entre les différentes dimensions de la stratégie est très difficile, car les exigences sont souvent contradictoires. »nn« Tactique et stratégie sont donc en interaction constante. »nn« La guerre irrégulière a changé de dimension au XXe siècle avec la guerre révolutionnaire qui lui a, pour la première fois, donné une dimension stratégique et idéologique. »nn« L’art de la guerre oblige à intégrer un très grand nombre de facteurs, à tenir compte de la fragilité et de l’imprévisibilité des acteurs (rivalités au sein de son propre camp, peur), à s’adapter en permanence à la dynamique des évènements. (…) Les moyens actuels d’observation et de transmission n’ont pas éliminé l’incertitude, ils ont remplacé l’absence d’information par une masse d’informations dont le tri et l’interprétation sont souvent problématiques. (…) Le stratège est celui qui, confronté à une situation complexe, saura la réduire à un nombre réduit d’options entre lesquelles il devra choisir pour définir une direction, concevoir une manœuvre. »nnOlivier de MAISON ROUGE
Avocat, Docteur en droit
Dernier ouvrage paru : « Gagner la guerre économique. Plaidoyer pour une souveraineté économique et une indépendance stratégique » VA Editions, 2022

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