Des finances publiques en mauvais état
Le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, a insisté sur l’importance de réduire le déficit budgétaire pour restaurer la confiance des marchés et créer des marges de manœuvre pour des investissements futurs dans des secteurs essentiels comme la défense et le climat.
Dans une déclaration faite à l’AFP, Pierre-Olivier Gourinchas a souligné que l’objectif de cette démarche n’est pas seulement de plaire aux investisseurs mais également de réduire la prime de risque associée aux emprunts de la France. La prime de risque, intégrée au taux d’emprunt, reflète le coût supplémentaire que les investisseurs exigent pour compenser le risque perçu. Cette prime doit être réduite pour permettre à la France de financer de nouveaux projets sans alourdir le fardeau de la dette.
Lors de la présentation de la dernière mise à jour du rapport annuel sur l’économie mondiale (WEO), le FMI a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour la France en 2024, les portant à 0,9% contre 0,7% précédemment. Cependant, cette amélioration ne doit pas masquer les défis budgétaires persistants.
Selon le FMI, sans un ajustement sérieux de la trajectoire budgétaire, il sera difficile d’atteindre l’objectif de ramener le déficit à 3% du PIB d’ici 2027. La France a été placée en procédure de déficit excessif par la Commission européenne en juin dernier, ce qui ajoute une pression supplémentaire pour adopter des mesures correctives. Pierre-Olivier Gourinchas a souligné la nécessité de réduire l’incertitude économique, tant du point de vue politique que budgétaire, et de parvenir à un large consensus pour sécuriser les finances publiques.
Une période de transition politique délicate
La Cour des comptes, dans son rapport du 15 juillet, a également exprimé des doutes sur la capacité de la France à réduire son endettement. Elle a mis en évidence les hausses importantes des prélèvements obligatoires prévues dans le programme de stabilité présenté à la Commission européenne. Les magistrats financiers s’interrogent sur la faisabilité de ces mesures et la manière dont l’exécutif compte concrètement générer les 21 milliards d’euros de recettes supplémentaires d’ici 2026.
La situation politique en France complique encore davantage les perspectives de réforme budgétaire. Emmanuel Macron a annoncé qu’il accepterait la démission de son gouvernement, qui sera chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau cabinet. Cette transition pourrait durer jusqu’à la fin des Jeux olympiques, en raison des difficultés rencontrées par le Nouveau Front populaire (NFP) pour s’accorder sur le choix d’un nouveau Premier ministre. La nouvelle administration devra composer avec une Assemblée nationale sans majorité claire, ce qui complique la mise en œuvre de mesures budgétaires drastiques.
La Cour des comptes a averti que tout écart par rapport aux prévisions de croissance, de dépenses ou de recettes pourrait faire dérailler la trajectoire budgétaire et compromettre les objectifs de déficit et de dette pour 2027. En outre, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a mentionné la fin du bouclier tarifaire sur l’électricité comme une source de revenus, bien que la Cour estime cette contribution à seulement 4 milliards d’euros sur les 21 milliards nécessaires.