Leonardo et le rêve d’un champion européen du satellite

Il faut que les fleurons européens s’associent et s’allient comme l’ont fait les industries de la Défense dans le cadre de la coentreprise MBDA.

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Face à une industrie spatiale européenne en pleine turbulence, Leonardo, acteur italien majeur de l’aérospatiale et de la défense, affiche une ambition : fédérer les forces du continent pour créer un géant industriel capable de rivaliser avec les mastodontes américains et chinois. Ce projet de consolidation, porté par Lorenzo Mariani, codirecteur général du groupe, se pose comme une réponse stratégique à la fragmentation et aux défis économiques d’un secteur en quête de souffle.

L’industrie spatiale européenne en grande difficulté

L’idée de Leonardo s’inscrit dans un contexte de transition où les satellites de télécommunications peinent à trouver preneur. Des réductions d’effectifs chez Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space en témoignent. L’industrie spatiale européenne est désynchronisée face à des concurrents comme SpaceX, qui bousculent les standards de coûts et de cadence.

Mais pour Leonardo, le problème dépasse la seule question des prix. Il faut que les fleurons européens s’associent et s’allient comme l’ont fait les industries de la Défense dans le cadre de la coentreprise MBDA. Cette coentreprise, pionnière dans les missiles, regroupe des forces françaises, italiennes et britanniques sous une gouvernance équilibrée. Si MBDA a su aligner efficacité et respect des intérêts nationaux, pourquoi pas le secteur spatial ?

Une Europe en ordre dispersé

Cependant, il convient de noter les multiples fractures qui traversent l’Europe spatiale. Chaque pays défend bec et ongles ses champions industriels, tandis que des réglementations antitrust viennent complexifier tout rapprochement. Si Airbus et Thales semblent ouverts à la discussion, il reste à naviguer entre les priorités divergentes des nations européennes. La France met l’accent sur la souveraineté technologique, l’Italie revendique un leadership proactif, et l’Allemagne reste prudente quant aux perspectives d’une concentration industrielle.

Pourtant, Leonardo ne perd pas de vue la nécessité d’une action commune. La fragmentation actuelle entraîne des doublons coûteux et ralentit les projets innovants, au moment où le marché exige des solutions intégrées, depuis la construction des satellites jusqu’à leur exploitation commerciale. Cette approche « end-to-end » pourrait faire de l’Europe un acteur incontournable dans les segments clés : télécommunications, observation de la Terre, navigation et services satellitaires.

L’argument financier est lui aussi implacable. Les budgets spatiaux européens, bien que conséquents, n’égalent en rien les investissements massifs des États-Unis ou de la Chine. SpaceX, avec ses lancements répétés et des coûts divisés par vingt, agit comme un miroir cruel des failles européennes.

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