Les faiblesses de la filière de recyclage du polystyrène
Les entreprises s’étaient engagées à mettre en place une filière française de recyclage du polystyrène pour respecter la loi. Pourtant, à l’approche de 2025, aucun progrès significatif n’a été réalisé. Le ministère de la Transition écologique a reconnu être dans une « impasse », concédant que la pression des lobbys a conduit à un retour sur l’interdiction prévue. Les industriels continueront donc à utiliser ce matériau malgré son faible taux de recyclage, selon Le Monde et France Info. Ce qui met en lumière la puissance des lobbys et les failles de la réglementation.
Le polystyrène est apprécié pour sa légèreté et sa facilité de manipulation, mais il pose un sérieux problème environnemental. Actuellement, aucun centre en France ne sait recycler ces emballages correctement. La majorité des 14 milliards de pots de yaourt achetés annuellement en France finissent brûlés ou enfouis, tandis qu’une petite partie est envoyée en Espagne ou en Allemagne pour être transformée.
En 2021, le consortium PS25, composé de Syndifrais et d’autres acteurs du lobby du plastique, s’était engagé à créer une filière de recyclage des emballages en polystyrène. Cependant, le rapport d’étape remis au ministère de la Transition écologique — qui n’a jamais rendu public — révèle des lacunes importantes. Il avance que les plastiques ont un meilleur bilan environnemental que leurs alternatives, sans fournir de bibliographie ni aborder les études contraires.
La réponse des pouvoirs publics et des ONG
Malgré l’absence de résultats concrets, le gouvernement et les industriels se basent sur ce rapport pour justifier la poursuite de l’utilisation du polystyrène et promouvoir son recyclage chimique. Néanmoins, les projets de recyclage chimique portés par Michelin, Ineos et TotalEnergies sont tous abandonnés aujourd’hui en raison d’obstacles techniques insurmontables.
Face à ce constat d’échec, l’ONG Zero Waste France réclame une commission d’enquête parlementaire. L’association dénonce également un « gaspillage d’argent public », pointant du doigt les 300 millions d’euros alloués par les ministères de la Transition écologique et de l’Industrie pour un appel d’offres sur le recyclage chimique, dont les résultats restent flous.
Dominique Faure, ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, a proposé de reporter l’interdiction des emballages en polystyrène à 2030, en conformité avec le nouveau règlement européen. Cette décision souligne les difficultés persistantes à trouver des solutions durables pour le recyclage des plastiques en France et la nécessité d’une volonté politique plus forte pour surmonter les obstacles techniques et industriels.