La construction de logements en panne
La Première ministre, Elisabeth Borne, accompagnée du ministre délégué chargé du Logement, Patrice Vergriete, a annoncé une série d’initiatives lors d’un déplacement à Dunkerque pour relancer la construction de logements dans un contexte de crise aiguë. Alors que la demande de logements sociaux atteint des sommets avec 2,42 millions de ménages en attente, et que le nombre de sans-abris a augmenté à 330.000 personnes, le gouvernement reconnaît les difficultés traversées par le secteur immobilier. Parmi les mesures annoncées, l’accent est mis sur la création de logements abordables, essentiels pour accompagner la réindustrialisation et le renouveau territorial.
Un effort particulier est porté sur le logement étudiant avec la promesse de construire 35.000 logements supplémentaires dans les trois prochaines années, s’ajoutant aux 35.000 déjà engagés. Par ailleurs, le gouvernement envisage un deuxième plan de rachat de logements auprès des promoteurs pour stimuler la construction de logements sociaux et intermédiaires. Cette stratégie inclut également l’augmentation de la part de logements intermédiaires chez les bailleurs sociaux, passant de 10% à 20%. En outre, 20 territoires seront sélectionnés pour accélérer leurs opérations d’aménagement, visant à construire environ 1.500 logements chacun dans les trois prochaines années.
Un secteur en quête de solutions
La crise du logement ne trouvera pas de solution miracle dans les annonces récentes. Le président de la Fédération des promoteurs immobiliers, Pascal Boulanger, a exprimé un sentiment mitigé, acceptant les mesures par nécessité plutôt que par choix. La production de logements neufs a significativement chuté en 2023, impactée par l’augmentation des coûts de construction et la baisse du pouvoir d’achat. Le projet de budget pour 2024 semble insuffisant pour répondre à cette crise, comme le souligne le rapport du député François Jolivet. Parallèlement, deux projets de loi sont en préparation, l’un contre l’habitat indigne et l’autre sur la décentralisation de la politique du logement.
La visite d’Elisabeth Borne s’est conclue par la mise en avant de la reconversion de friches industrielles en logements, symbole de la densification urbaine et de la transition écologique. La locataire de Matignon a insisté sur la nécessité d’une vision globale et rassembleuse pour réussir la ville de demain, tout en conciliant les enjeux urbains, écologiques et démographiques. Cette approche vise à sortir de la crise du logement tout en répondant aux défis de la transition écologique, dans un contexte où les solutions immédiates semblent encore insuffisantes face à l’ampleur des besoins.