Chaque COFRA associe un doctorant, une administration publique et une école doctorale. Les doctorants sont recrutés pour trois ans sous contrat de projet, renouvelable jusqu’à six ans, et les administrations bénéficient d’un cofinancement annuel de 14 000 €, complété par leurs propres fonds. Ce cadre structuré assure une intégration efficace de la recherche dans l’administration.
Les projets de thèse sont sélectionnés en fonction de leur qualité et de leur alignement avec les priorités gouvernementales. Pour la deuxième vague, jusqu’à 30 % des COFRA sont accessibles aux agents publics contractuels, nécessitant un changement de contrat. Les doctorants sont supervisés par un directeur de thèse et un référent administratif formé.
L’expérimentation des COFRA représente une avancée stratégique pour la recherche publique en France. Elle permet aux doctorants de contribuer directement à l’amélioration de l’administration tout en bénéficiant d’un soutien académique et financier. Ce dispositif renforce les compétences des futurs docteurs et stimule l’innovation au sein des services publics, créant ainsi une synergie essentielle entre le monde académique et l’administration de l’État. Il est proposé dans cet article un retour d’expérience permettant d’examiner les avantages, les défis et les perspectives offertes par le programme de conventions de formation par la recherche en administration (COFRA) à partir d’une analyse de documents (fiche technique, rapports et études…) et d’une enquête terrain représenté à travers plusieurs témoignages dont ceux de Nicolas Fabre, Abel Aussant, Audin Roger et Paul-Hadrien Despret, doctorants au sein de plusieurs administrations (Cour des comptes, Ministères et Préfecture) qui ont fortement contribué à la réalisation de cette étude.
Le programme COFRA (Contrat de Formation et de Recherche en Administration) représente une innovation dans le paysage académique et administratif français. Il offre aux doctorants une opportunité unique de mener des recherches appliquées tout en étant intégrés au sein des administrations d’État. Cette intégration vise à combler le fossé entre la théorie académique et la pratique administrative, tout en enrichissant les politiques publiques grâce à des expertises pointues. Cependant, cette initiative n’est pas sans défis, et son succès repose sur une série de conditions et de reconnaissances tant institutionnelles qu’académiques.
Passerelle entre la recherche et l’administration
Cependant, cette synergie se heurte à des défis culturels et organisationnels. Les doctorants signalent une reconnaissance limitée du doctorat au sein de l’administration, où la recherche académique n’est pas toujours valorisée. En effet, ces chercheurs se retrouvent confrontés aux mêmes problématiques de concours que les candidats externes à la fonction publique, ce qui ne leur permet pas de valoriser pleinement leurs expériences acquises au sein de l’administration publique d’État.
Les avantages du programme COFRA
Pour les administrations, l’intégration de chercheurs permet d’introduire des méthodologies académiques et des perspectives innovantes, contribuant à une amélioration des politiques publiques. Cette interaction enrichit également le développement professionnel des doctorants, leur offrant une expérience précieuse qui combine théorie et pratique. Toutefois, pour pérenniser ces avantages, il est crucial de structurer clairement les parcours de carrière et de garantir une reconnaissance équitable des contributions des doctorants.
Les défis du programme COFRA
La liberté académique des travaux de recherche est globalement bien accueillie par les chercheurs. Certains mettent en avant une compréhension intuitive de l’administration à l’égard de leurs travaux, tandis que d’autres soulignent la nature politique de leurs positions, qui peut parfois mener à une volonté d’orientation des propos. Il en résulte que la liberté du chercheur dépend fortement de son administration de rattachement.
Pour surmonter ces défis, il est essentiel d’améliorer la coordination entre les encadrants académiques et administratifs, et de structurer des échanges réguliers et constructifs pour pérenniser ces liens au-delà des travaux de recherche du doctorant. La reconnaissance institutionnelle des docteurs au sein de l’administration doit également être renforcée pour valoriser pleinement leurs compétences et contributions. Cela doit impérativement passer par un programme de carrière défini vers la fonction publique et une prise de conscience accrue de l’intérêt de la recherche au sein de l’administration.
Perspectives et pérennisation du programme COFRA
Conclusion
La Convention de Formation par la Recherche en Administration (COFRA) est quant à elle financée par des fonds publics ou territoriaux; elle soutient des projets de recherche appliquée entre laboratoires académiques et diverses entités socio-économiques.
Notes
– Roger A. – Trois articles sur l’impact redistributif des politiques du marché du travail, une approche par microsimulation – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) – Paris Panthéon Sorbonne
– Aussant, A. – Étude des inégalités d’accès à la culture des jeunes en France – Cour des comptes – Sciences Po Paris
– Despret, P-H. – Le Préfet et l’Innovation – Préfecture de Saône-et-Loire (Service du Pilotage Interministériel et de l’Aménagement du Territoire – SPIAT) – Université Grenoble Alpes – Ecole doctorale de Sciences Juridiques.
Nous tenons également à remercier les autres chercheurs interrogés sur ce nouveau dispositif, qui ont souhaité, pour des raisons de confidentialité, rester anonymes .