Journal de l'économie

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Le discours perdu de Jean Castex





Le 5 Octobre 2020, par Philippe Cahen

En me promenant dans les jardins du Musée Rodin, à quelques pas de Matignon, j’ai trouvé sous un banc ce texte surprenant que je souhaite partager.


Image Pixabay
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Mes chers compatriotes,

À présent, vous me connaissez. Vous connaissez ma passion pour la France, ses terroirs, son énergie créatrice et son respect mondial comme pays des Droits de l’Homme, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Mes chers compatriotes, ce n’est pas une crise que nous traversons avec la Covid-19, une crise sanitaire, une crise économique, une crise sociale. Non ce n’est pas une crise, c’est un changement de monde. Oui, un changement de monde. Et un changement de société. Posons-nous une question simple : quel monde voulons-nous en 2030 ? Votre première réponse c’est plus d’emplois, moins de pollution, plus de pouvoir d’achat. Et vous avez raison. Nous voulons tous améliorer notre vie. Notre vie et la vie du monde.

Mais je voudrais aller plus loin avec vous. Souvenez-vous, en 2000, l’euro n’existait pas, un Français sur deux avait un téléphone mobile, aujourd’hui c’est quasiment tout le monde dont ¾ ont un smartphone. En 2000, il y avait 14% de Français abonnés à Internet. Aujourd’hui, c’est tout le monde, ou presque et notamment par le smartphone. En 2010, vous aviez des cartes dans vos voitures, aujourd’hui vous n’en avez plus et vous êtes guidés par la voix de votre GPS. Le numérique c’est aussi des centaines de milliers de Thermomix qui font la cuisine à votre place depuis 2004 et surtout 2014, des appareils allemands aux ¾ fabriqués en France ! Oui mes chers compatriotes : en France, en Eure-et-Loir.

Mes chers compatriotes, 2000, 2010, 2020 vous voyez comme notre quotidien a changé. Il change vite. Très vite. Et le monde change vite aussi. La Chine, l’inde, le Brésil et bien d’autres pays ne sont plus en 2020 ce qu’ils étaient en 2000. L’Inde produit aujourd’hui plus que le Royaume-Uni, son ancienne puissance colonisatrice. Et aujourd’hui le monde est rapidement à portée d’avion à prix raisonnable. Il y a dans le monde plus de 1,4 milliard de touristes, 1,4 milliard !

Mes chers compatriotes : trop c’est trop. Trop de pollution. Trop de production. Trop de consommation. Trop d’avions. Trop de voitures. À ce rythme-là, 2000, 2010, 2020, que sera 2030 ? Cette machine monde est-elle hors de contrôle ? Que sera un monde de 3 milliards de touristes ? 5 milliards de touristes ? Nous avons des masques contre la Covid-19, allons nous les conserver toute notre vie contre les virus et contre les pollutions ?
Mes chers compatriotes, notre pays, la France, avec ses partenaires de l’Europe, l’Union européenne, deuxième PIB mondial, va s’engager sur la voie que vous attendez, que les Européens attendent : plus d’emplois, plus de pouvoir d’achat, moins de pollution. Bref, une vie meilleure.

Cela veut dire changer notre modèle économique et notre société :
  • Moins polluer c’est moins produire, moins se déplacer, moins dépenser d’énergie. Vous avez conscience que cela signifie moins d’énergie carbonée, moins de déplacements carbonés, donc moins de voitures, moins d’avions. Donc moins d’emplois dans l’automobile, dans l’aéronautique et dans bien d’autres domaines. Cela ne se fait pas en quelques mois, mais en années. Il faut remplacer les produits et systèmes, par exemple développer des transports collectifs autonomes afin de diminuer les voitures personnelles, donc former les nouveaux employés. Compte tenu des recherches en cours et des découvertes improbables, mais possibles comme le stockage de l’énergie dans un volume petit, inconnu à ce jour, si l’on ne veut pas ajouter des millions de chômeurs rien qu’en France, cet objectif nécessaire ne saurait être inférieur à trente ans.
  • Plus d’emplois, cela signifie plus produire ici, en Union européenne, en France donc moins importer dans les produits industriels comme dans les produits agricoles. Cela signifie aussi moins consommer ou plutôt mieux consommer, des produits plus durables, plus réparables, des produits représentant plus un saut positif qu’une simple amélioration, mais aussi une médecine plus préventive, moins curative, un enseignement plus performant donc des enseignants plus performants, un État plus attentif à appliquer ses lois, moins laxistes. En bref, chacun fait moins, mais mieux. C’est changer un comportement générationnel de consommation et donc de production qui peut prendre au moins vingt ans, si ce n’est trente.
  • Plus de pouvoir d’achat, cela signifie pour la France plus de logements donc moins rares et donc moins chers en s’appuyant sur les 100 milliards d’épargnes pour non-dépense. Cela signifie des revenus mieux répartis, mais aussi des aides de la collectivité (toutes formes d’allocations) aussi faibles soient-elles donnant devoir à une aide à la collectivité (commune, association bénévole), cela peut correspondre à une baisse de temps de travail utilisé pour la collectivité, par exemple pour la dépendance. Le plus de pouvoir d’achat ne se calcule pas sur la feuille de paie ou d’aides mensuelle, mais au long de sa vie dont la durée progresse encore. Vous l’avez noté, plus de pouvoir d’achat, c’est moins d’États, plus de solidarité, plus de mieux être. Cela change notre vie sociale. Dans cet objectif aussi, prenons vingt ou trente ans pour nous transformer.
 
Mes chers compatriotes, après ce préambule que je sais attendu de la plupart d’entre vous et de nos partenaires européens dont certains l’appliquent déjà avec bonheur — je pense à la Finlande, au Danemark… — après ce préambule donc, je vais vous présenter le Plan de Réinvention de la France qui est d’ores et déjà soumis dans ses grandes lignes à nos partenaires.
  • Zzz… zzz…
  • Zut, PR en ligne directe…
  • Allo Jean ? Ici Emmanuel !
  • Monsieur le P
  • Dis Jean, c’est quoi ce truc que tu dis ?
  • Fais attention à ton téléphone quand tu parles. Non, c’est très intéressant ce que tu dis, mais tu sais que François, François Bayrou, doit nous sortir le début de l’esquisse du plan 2030 dans trois mois ! Ne lui casse pas la baraque. Prépare-moi un truc évident, un plan de soutien à l’emploi. Il faut rassurer les gens. Tu sais, l’époque est dure. Les gens sont angoissés. Et ne t’en fais pas, on fera un calcul écolo du budget. Et puis il y a les régionales bientôt. Puis les présidentielles.
  • Monsieur le P
  • Bip… bip…
Zut, j’ai appuyé sur « imprimer »…
 
Je repars en plongée…

Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste
Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles  », éd. Kawa


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