Des autoroutes très rentables
C’est une bombe lancée par le Canard enchaîné et qui provoque de forts remous au ministère de l’Économie. Un rapport remontant à 2021 de l’inspection générale des finances et du service d’inspection du ministère de l’Écologie s’interroge sur le modèle économique des sociétés concessionnaires d’autoroutes. Selon les inspecteurs, les deux concessionnaires visés, ASF-Escota (groupe Vinci) et APRR-Area (Eiffage), jouissent d’une rentabilité « très supérieure à l’attendu ».
D’après l’enquête, la rentabilité de ces deux groupes (dont les autoroutes couvrent les deux tiers du réseau français) serait de l’ordre de 12%, bien au-delà de la cible de 7,67% établie durant la privatisation des autoroutes en 2006. Le sujet est explosif, sachant que les péages aux autoroutes vont augmenter de 4,75% au 1er février. Le fait que le rapport n’ait pas été rendu public suscite pour le moins des interrogations, dans un contexte où les prix des carburants sont très élevés.
Les propositions des inspecteurs
Du côté du ministère de l’Économie, on se défend d’avoir enterré le rapport, « sinon on n’aurait pas commandé le rapport ! », affirme-t-on à Bercy. Les inspecteurs préconisent plusieurs mesures pour rééquilibrer la balance : baisser les tarifs des péages de 60% ou anticiper la fin des concessions (elles doivent prendre fin entre 2031 et 2036). Deux propositions qui sont légalement inenvisageables, rappelle le ministère.
La dernière proposition du rapport est de prélever plus de 60% de l’excédent brut d’exploitation des deux groupes jusqu’à la fin de leurs concessions. Une piste potentielle pour l’État ? Les péages sont de véritables vaches à lait pour les deux concessionnaires : ils représentent en effet environ 11 milliards d’euros par an.