Selon l’Insee, le produit intérieur brut (PIB) de la France a augmenté de 0,5 % entre juillet et septembre 2025, contre +0,3 % au trimestre précédent. Une croissance supérieure aux prévisions, porté principalement par le commerce extérieur, dans un contexte de consommation intérieure toujours prudente.
Une accélération mesurée mais bien réelle
L’économie française a enregistré une progression de 0,5 % de son PIB au troisième trimestre 2025, selon la première estimation publiée par l’Insee le 30 octobre 2025. Ce résultat confirme un redressement progressif de l’activité, après un premier semestre marqué par une croissance modérée. L’acquis de croissance pour l’ensemble de l’année 2025 s’élève désormais à 0,8 %, un niveau légèrement supérieur aux attentes.
D’après l’institut statistique, la demande intérieure finale hors variations de stocks contribue pour +0,3 point à la croissance trimestrielle, contre +0,2 point au trimestre précédent. En revanche, les variations de stocks, qui avaient soutenu l’activité au printemps, contribuent négativement pour –0,6 point. Ces deux éléments traduisent un ajustement des entreprises à la conjoncture, entre précaution et reprise modérée de l’investissement.
La production totale de biens et services s’est accrue de 0,8 %, après +0,3 % au deuxième trimestre. Les branches industrielles affichent une performance contrastée : la production manufacturière croît de 1,0 %, portée notamment par l’aéronautique et la pharmacie, tandis que l’énergie recule légèrement. Les services progressent de 0,7 %, confirmant leur rôle central dans la dynamique globale.
Des moteurs de croissance contrastés
La consommation des ménages reste stable, en hausse limitée de +0,1 %, comme au trimestre précédent. L’Insee souligne que les dépenses en biens sont quasi inchangées, tandis que la consommation de services reste légèrement positive. Ces chiffres confirment la prudence des foyers, dans un contexte de pouvoir d’achat encore contraint par les prix de l’alimentation et du logement.
L’investissement (formation brute de capital fixe) repart toutefois légèrement à la hausse : +0,4 % après un trimestre de stagnation. Ce redémarrage modéré concerne principalement les entreprises non financières, qui profitent d’un apaisement partiel des coûts énergétiques et d’un calendrier industriel plus favorable.
Mais c’est le commerce extérieur qui contribue le plus à la croissance du trimestre. Les exportations augmentent de +2,2 %, contre +0,3 % au deuxième trimestre, tandis que les importations reculent de –0,4 %, après +1,4 %. La contribution nette du commerce extérieur au PIB atteint ainsi +0,9 point, alors qu’elle était négative au trimestre précédent (–0,4 point). L’Insee attribue cette amélioration à la bonne tenue des exportations aéronautiques, pharmaceutiques et agroalimentaires.
Une économie qui confirme sa résilience
Ce rebond, bien que modeste, confirme la résilience de l’économie française dans un environnement international marqué par le ralentissement européen et la persistance des tensions géopolitiques. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a salué « une performance remarquable », tout en insistant sur la nécessité de « maintenir le cap de la réindustrialisation et de la maîtrise des dépenses publiques ».
Cette progression trimestrielle, supérieure à celle de plusieurs partenaires européens, donne un peu d’air au gouvernement au moment où le projet de loi de finances pour 2026 est débattu au Parlement. Elle intervient aussi alors que la Banque de France prévoit une croissance moyenne annuelle proche de 0,7 % pour 2025, confirmant que la France reste sur une trajectoire positive, mais fragile.
Cette amélioration repose sur des facteurs conjoncturels : le redémarrage des exportations et la baisse des importations ponctuelle. La consommation, qui représente plus de la moitié du PIB, reste insuffisante pour enclencher une dynamique de long terme.
Des perspectives prudentes pour la fin d’année
L’Insee souligne que cette progression de 0,5 % ne modifie pas fondamentalement la trajectoire annuelle de l’économie française. La croissance moyenne pour 2025 devrait rester proche de 0,8 %, conformément aux dernières prévisions de la Banque de France. Toutefois, la dynamique observée cet été pourrait contribuer à stabiliser l’emploi et à limiter la dégradation du déficit public, attendu autour de 5 % du PIB cette année.
Les observateurs économiques appellent néanmoins à la prudence. Plusieurs signaux de ralentissement persistent : la faiblesse du crédit aux entreprises, la modération de la consommation des ménages et l’incertitude sur les marchés internationaux. À l’approche de l’hiver, la question du pouvoir d’achat et de la consommation énergétique demeure un facteur clé pour maintenir la croissance sur un rythme positif. Autrement dit, si le troisième trimestre offre un répit bienvenu, il ne garantit pas encore un retournement durable de tendance.



