La résistance des chiffres de l’emploi
Le taux de chômage en France, actuellement de 7,5%, est loin de l’objectif de plein emploi fixé par le gouvernement. Cependant, Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee, estime que le marché du travail présente des signes encourageants malgré une croissance économique faible. Dans une interview accordée à La Tribune, il a souligné que « le marché du travail résiste alors que la croissance est faible. La remontée du chômage depuis l’an dernier est limitée. »
L’un des principaux indicateurs positifs est le taux d’emploi, qui a atteint un niveau record depuis la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, la proportion des personnes en emploi parmi celles en âge de travailler est de 68,8%, tandis que le taux d’activité, qui inclut les personnes travaillant ainsi que celles en recherche d’emploi, est de 74,5%. « Du jamais-vu depuis que l’Insee produit ces statistiques et sans doute même avant », ajoute Jean-Luc Tavernier.
Deux principaux leviers expliquent ces chiffres encourageants : l’apprentissage et la présence accrue des seniors sur le marché du travail. Jean-Luc Tavernier explique que les alternants sont comptés comme des employés, contribuant ainsi à l’augmentation du taux d’emploi. De plus, la présence des seniors sur le marché du travail a également connu une hausse significative. Le taux d’emploi des seniors atteint 58,9%, soit 4,2 points de plus qu’à la fin de 2019. « Aujourd’hui, plus de la moitié des personnes de 61 ans ont un emploi. Et pour les plus de 59 ans, c’est même plus de 70%. En revanche, à 62 ans et au-delà, on passe en dessous de la barre des 50% qui travaillent », précise-t-il.
Inflation maîtrisée et perspectives économiques
Malgré ces signes positifs, la croissance et la productivité restent des points de préoccupation. Jean-Luc Tavernier note que la croissance en France a été enrichissante en termes d’emploi, mais que cela s’est accompagné d’une baisse de la productivité. « La version « négative » de l’enrichissement de la croissance en emploi, c’est la chute de la productivité. Nous faisons deux constats. Primo, depuis la sortie de crise du Covid, les États-Unis réalisent davantage de gains de productivité que l’Europe, pour laquelle il y a un fléchissement d’ensemble. Secundo, la France a davantage perdu en productivité que ses voisins européens. Il s’agit de comprendre l’idiosyncrasie française depuis 2019 », explique-t-il.
En termes de perspectives économiques, Jean-Luc Tavernier reste prudent. « Il est trop tôt pour savoir si la fin de l’année sera meilleure que le début » en termes d’activité, mais il note que le risque de récession dû aux crises semble être derrière nous. De plus, la spirale inflationniste semble maîtrisée. « Nous avions prévu un ralentissement des prix, qui a bien eu lieu. En avril, l’inflation sur douze mois est à 2,2%, elle devrait se maintenir autour de ce niveau ces prochains mois. La hausse des prix des produits alimentaires est enrayée. La crainte d’un emballement général et d’un effet de spirale entre salaires et prix est derrière nous », conclut-il.
Malgré une croissance faible et des défis persistants en termes de productivité, le marché du travail en France montre des signes positifs avec des niveaux d’emploi record et une inflation maîtrisée. Ces indicateurs laissent entrevoir des perspectives plus optimistes pour l’économie française dans les mois à venir.