Journal de l'économie

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Giacometti, L’Homme qui marche, une icône du XXe siècle





Le 21 Juillet 2020, par Christine de Langle

André Breton, « Qu’est-ce que ton atelier ? »
Giacometti, « Ce sont deux petits pieds qui marchent » (1934)


Alberto Giacometti Homme qui marche II 1960 Platre Walking Man II, 1960 Plaster Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + Adagp 2020
Alberto Giacometti Homme qui marche II 1960 Platre Walking Man II, 1960 Plaster Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + Adagp 2020
Cet été, Paris est une destination très tendance. La plupart des étrangers désertent la capitale pour cause de prudence sanitaire au grand dam des palaces qui sont quasiment tous fermés. Il reste les musées, ouverts à la visite dans des circonstances exceptionnelles. Peu de monde en effet devant la Joconde en l’absence des touristes asiatiques et américains ! C’est aussi un merveilleux moment pour se promener dans les rues de la capitale et redécouvrir le plaisir de flâner dans ce quartier de Montparnasse qui abrita quantité d’ateliers d’artistes.

Flâner, marcher, regarder les autres déambuler, c’est ce qui a toujours passionné Alberto Giacometti, installé dans un petit atelier de 24 m2 à Montparnasse, à son arrivée à Paris en 1926, et qu’il ne quittera qu’à sa mort en 1966. Ce lieu de création est aujourd’hui reconstitué à l’Institut Giacometti, espace d’expositions et de recherche géré par la Fondation Giacometti, instituée légataire universelle à la mort d’Annette, veuve d’Alberto. Le visiteur pénètre dans l’ancien atelier de l’artiste-décorateur Paul Follot, magnifique hôtel particulier aux décors restaurés et classés Art Déco, 350m2 pour comprendre l’univers de création de Giacometti. L’Institut propose cet été une exposition consacrée à l’Homme qui marche, œuvre  iconique de l’artiste, qui concentre ses recherches de 1932 à 1960. Exposition exceptionnelle car sont réunis pour la première fois tous les modèles, les variations sculptées et dessinées autour de ce thème qui s’inscrit dans une longue tradition artistique, de l’Antiquité à Rodin. Quête inlassable des artistes pour tenter de saisir l’essence de l’être humain, un être debout en marche.

Alberto Giacometti dans l'atelier 1959 Photo Ernst Scheidegger Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + Adagp 2020)
Alberto Giacometti dans l'atelier 1959 Photo Ernst Scheidegger Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + Adagp 2020)
Une surprise vous attend : le premier état de l’Homme qui marche est … une femme ! En 1932, Giacometti propose une silhouette imaginaire qui fascinent les surréalistes par ce mélange d’évocation des statues égyptiennes antiques qui accompagnent le défunt dans l’au-delà et des mannequins de vitrine. Après-guerre, des commandes de monuments commémoratifs destinés à l’espace publique orientent ses recherches vers une figure de forme simple, comme un signe graphique dans l’espace. L’Homme qui marche (1947), image d’une figure humaine universelle, côtoie des images plus quotidiennes, ce que l’artiste perçoit, éternel promeneur et spectateur de la vie parisienne, Trois hommes qui marchent ou La Place.  L’Homme qui marche de la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence est une version d’un projet d’œuvre  monumentale prévu au pied de la Chase Manhattan Bank à New York. Giacometti, après un travail intense préfère se retirer du projet, mécontent du résultat. C’est pourtant ce qui lui vaut une reconnaissance internationale à la Biennale de Venise en 1960.

Vue de l’exposition Alberto Giacometti a la Biennale de Venise 1962 photo Bo Boustedt Fondation Giacometti  © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2020
Vue de l’exposition Alberto Giacometti a la Biennale de Venise 1962 photo Bo Boustedt Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2020
« Marque déposée » de Giacometti, ces frêles silhouettes longilignes en mouvement nous accompagnent de salle en salle, comme un rappel de la fragilité énergique de l’être humain. « Le chemin se fait en marchant », suggère le poète Antonio Machado. Cette marche de l’homme dont le mouvement décomposé n’est qu’une série de déséquilibres et de prises de risque. Se tenir debout, ce qui distingue la statue de la sculpture, pour avancer, instant après instant, quoi qu’il arrive, c’est la grandeur et la beauté de l’humanité en marche. C’est aussi un choix.
 
https://www.fondation-giacometti.fr/
 
Christine de Langle, fondatrice d’Art Majeur
www.art-majeur.eu


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