Le 28 février 2025, l’agence américaine Standard & Poor’s (S&P) a décidé de maintenir la note AA- de la dette souveraine française. Toutefois, cette décision s’accompagne d’un changement qui inquiète les économistes : la perspective passe de stable à négative. Une menace à peine voilée, qui signifie que la prochaine évaluation pourrait entraîner une baisse effective de la note.
Standard & Poor’s change de ton : un avertissement sérieux
Depuis plusieurs années, la France navigue sur une ligne de crête budgétaire, jonglant entre déficit et endettement croissant. La décision de S&P Global Ratings du vendredi 28 février 2025 est donc un signal d’alarme. C’est même un ultimatum : si la situation financière ne s’améliore pas rapidement, la note sera dégradée dans les mois à venir.
Pourquoi cette décision ?
Facteur | Analyse de S&P |
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Déficit budgétaire | Prévisions à 5,4 % du PIB en 2025, au lieu des 5,1 % initialement annoncés. |
Croissance économique | PIB attendu en dessous de 1 % en 2025, fragilisant les perspectives de redressement. |
Dette publique | Ratio dette/PIB supérieur à 110 %, rendant la charge de la dette plus lourde. |
Soutien politique aux réformes | Jugé insuffisant par S&P, ce qui limite les marges de manœuvre du gouvernement. |
Cette mise en garde s’ajoute à celle de Fitch Ratings, qui avait déjà abaissé la perspective de la France en octobre 2024. Une dégradation officielle de la note entraînerait des conséquences immédiates : une hausse des taux d’emprunt et une pression accrue sur le budget de l’État.
La réponse du gouvernement : entre autosatisfaction et déni ?
Face à cette menace de déclassement, Bercy tente de minimiser l’impact de la décision. Le ministère de l’Économie a réagi en affirmant que la note AA- reste une preuve de la haute qualité de signature de la France. Selon les services d’Eric Lombard, la loi de finances pour 2025 représente « un virage historique vers la résorption des déficits », avec des mesures de contrôle et de pilotage renforcées.
En parallèle, le gouvernement promet de réunir tous les mois les responsables de la dépense publique pour garantir le respect du cadrage budgétaire. Un engagement crédible ou un vœu pieux ? Avec une croissance atone et une inflation persistante, il est difficile d’imaginer un retour sous les 3 % de déficit avant 2029.
Un risque réel pour les finances françaises
Le véritable danger, c’est la hausse du coût de la dette. Une dégradation effective de la note entraînerait une augmentation des taux d’intérêt, rendant les emprunts de l’État plus coûteux. La France pourrait alors se retrouver dans une spirale financière difficile à enrayer. Si la France venait à perdre son double A, elle se retrouverait au niveau de l’Espagne ou de l’Italie, des pays considérés comme plus risqués. Les investisseurs fuiraient, les taux s’envoleraient, et la dette deviendrait incontrôlable. Un scénario que le gouvernement cherche désespérément à éviter.
Le 14 mars 2025, c’est la prochaine grande date à surveiller. Ce jour-là, l’agence Fitch publiera sa propre évaluation. Si elle décide de déclasser la note de la France, alors la réaction des marchés pourrait être brutale. Déjà en 2012, la perte du triple A avait marqué un tournant dans la politique budgétaire du pays. Sommes-nous à l’aube d’un nouveau choc financier ?