Dette souveraine : la France échappe encore au couperet de Fitch

L’agence considère que l’économie française conserve des facteurs de résilience, notamment une diversification sectorielle forte et des institutions jugées solides.

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Fitch : la note de la France ne change pas, avec une perspective « négative »
Dette souveraine : la France échappe encore au couperet de Fitch | journaldeleconomie.fr

Le gouvernement français peut souffler… pour le moment. Fitch a choisi le vendredi 14 mars 2025 de ne pas dégrader la note souveraine de la France, malgré une dégradation continue de ses finances publiques. Pourtant, les signaux d’alerte s’accumulent : hausse du déficit, niveau d’endettement record, croissance en berne et instabilité politique. La perspective négative laissée par Fitch traduit une situation préoccupante et laisse entendre que la prochaine révision, prévue en octobre 2025, pourrait être moins clémente.

Dette et déficit : une trajectoire qui inquiète les marchés

Si la note de la France est maintenue, c’est avec une pression croissante sur sa gestion budgétaire. Fitch justifie sa décision par plusieurs éléments.

Après avoir été contenu à 4,4 % du PIB en 2023, le déficit s’est creusé à 6 % en 2024. Pour 2025, Bercy table sur un déficit ramené à 5,5 %, mais ces prévisions restent incertaines. L’absence de réformes de grande ampleur rend difficile tout ajustement rapide des finances publiques. Une dette qui continue de gonfler, avec 112,6 % du PIB en 2024. Elle dépasse largement la moyenne de la zone euro (89,9 %). Fitch estime qu’elle pourrait franchir les 118,5 % d’ici 2028 si aucune politique crédible d’assainissement n’est mise en place.

Sans compter que la croissance économique s’essouffle. Initialement attendue à 0,9 % en 2025, elle a été revue à la baisse à 0,6 %, affectée par un ralentissement industriel et une consommation en berne.

Pourquoi Fitch ne sanctionne-t-elle pas immédiatement la France ?

L’agence considère que l’économie française conserve des facteurs de résilience, notamment une diversification sectorielle forte et des institutions jugées solides. L’État français, malgré son endettement croissant, dispose d’une capacité de financement qui rassure encore les investisseurs.

Au-delà des indicateurs économiques, Fitch identifie un risque politique grandissant. Depuis la nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre en décembre 2024, l’absence de majorité absolue complique la mise en œuvre de réformes structurelles. L’instabilité parlementaire limite la capacité de l’exécutif à adopter des mesures d’austérité nécessaires pour rassurer les marchés. Plusieurs réformes budgétaires, dont la réduction des aides sociales et un ajustement fiscal, peinent à obtenir une validation politique, exacerbant les doutes des investisseurs.

La France apparaît ainsi comme un cas à part en Europe. Là où d’autres pays ayant connu des difficultés budgétaires, comme la Grèce ou l’Espagne, ont su stabiliser leurs finances publiques à coup de réformes drastiques, Paris semble toujours en recherche d’un cap clair.

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