Divisions politiques et obstacles structurels pour l’économie allemande
L’économie allemande a stagné entre avril et juin 2023, selon l’institut Destatis, mettant fin à deux trimestres consécutifs de recul du PIB. Cette stagnation suit des baisses de 0,4% et 0,1% au cours des deux trimestres précédents. Pour l’ensemble de l’année, l’Allemagne pourrait voir son PIB se contracter entre 0,2% et 0,4%, selon plusieurs estimations. La situation est d’autant plus inquiétante que l’Allemagne fait moins bien que ses voisins européens, dont la France.
Robert Habeck, ministre de l’Économie, souligne que « quelque 50% de notre PIB provient des exportations. Les exportations ont fait notre richesse mais quand l’économie mondiale faiblit, l’Allemagne encaisse plus que les autres ». La dépendance de l’Allemagne à l’économie mondiale, et notamment à la Chine, son premier partenaire commercial, est donc une double lame qui peut blesser aussi bien qu’elle enrichit.
Un horizon pas entièrement sombre
À l’intérieur du pays, le gouvernement est divisé sur les mesures à prendre pour stimuler l’économie allemande. Alors que le ministre de l’Économie plaide pour la subvention des industries énergivores, le ministre des Finances, Christian Lindner, s’y oppose farouchement. Cette division s’étend jusqu’à Olaf Scholz, le chancelier, qui est également contre cette proposition. Marcel Fratzscher, expert et chef de l’institut économique DIW Berlin, estime que le problème n’est pas conjoncturel mais structurel. Il appelle à un « programme de transformation à long terme, avec une offensive d’investissement, une large débureaucratisation et un renforcement des systèmes sociaux ».
En plus des défis politiques, l’économie allemande fait face à des obstacles structurels tels que la lenteur de la numérisation, le manque de main-d’œuvre qualifiée et l’incertitude sur le coût de l’énergie à moyen terme. Tous ces facteurs ont un impact sur le moral des entrepreneurs, qui a poursuivi sa baisse en août pour le quatrième mois consécutif. Malgré un tableau général peu reluisant, quelques indicateurs offrent une lueur d’espoir. Les investissements ont progressé de 0,6% dans les équipements et de 0,2% dans le bâtiment. De plus, les dépenses de consommation ont légèrement augmenté de 0,1%. Ces chiffres s’expliquent par un marché du travail qui reste solide et des salaires en hausse.