Achats et digitalisation

En quoi la digitalisation permettra à la fonction achat de faire face à la complexification d’un métier qui subit la multi-polarisation des marchés fournisseurs au gré des mouvements géo-politiques du moment.

Publié le
Lecture : 2 min
Achats et digitalisation
Achats et digitalisation | journaldeleconomie.fr

« Avant », pendant des décennies, les marchés étaient en faveur des acheteurs en raison des augmentations continues de capacité de production. L’offre était alors bien supérieure à la demande, les négociations qui consistaient à mettre plusieurs fournisseurs en concurrence se concluaient systématiquement par des baisses de prix.

Puis sont arrivées les offres de prix des fournisseurs chinois qui ont permis de faire baisser encore plus les prix des fournisseurs occidentaux. A ce titre, chaque année les directions achats étaient attendues sur des baisses conséquentes de leurs budget, c’était devenu systématique et non négociable. Ces baisses de prix bien réelles liées à une concurrence chinoise théorique car peu actionnable du fait du manque de maturité des supply chains ont contribué à détruire l’éco-système industriel occidental.

Ainsi, en 2021, l’industrie représentait 13 % du PIB français selon France Industrie, contre 23% en 1980 et plus de 30% dans les années 50. A titre de comparaison, l’industrie représente 15% du PIB européen en 2021, 11% du PIB des Etats-Unis en 2020, 34% du PIB chinois en 2017.

La crise des disponibilités des biens liée à la paralysie des supply chains pendant le covid dont nous ne nous sommes toujours pas remis, l’accélération de la prise de conscience des enjeux sociétaux et environnementaux et des contraintes liées aux déclarations extra-financières qui se profilent, les augmentations des prix qui ne sont toujours pas revenus à leur niveau pré-covid font de la fonction achat une des plus complexe à gérer aujourd’hui. L’impact de la performance des directions achats sur les résultats des entreprises n’a jamais été aussi significatif.

Une étude récente du cabinet en stratégie Kearney prévoit que 20 à 40% des besoin en ressources achats vont disparaitre dans un futur proche du fait de la digitalisation accélérée du métier. Il devient urgent pour la fonction de maitriser des outils permettant la fluidité des communication en interne comme avec les fournisseurs, la suppression d’échanges d’emails chronophages et énergivores.

L’anticipation et la gestion des risques dans un monde de plus en plus complexe et versatile nécessite de mettre à la portée immédiate des équipes le bouquet des informations critiques dont elles ont besoin. La négociation, dernière chasse gardée de la fonction achat, devrait maintenant se limiter à des échanges digitaux, au bénéfice du temps passé à la construction de relations de qualité et de long terme avec l’écosystème fournisseur.

L’époque ou Excel et Google étaient les meilleurs amis des acheteurs est révolue. On peut aisément prédire que les achats de demain seront digitaux et collaboratifs, ou ne seront pas.

Elvire Régnier-Lussier occupe depuis 30 ans des postes de direction achat en Suisse et à New-York dans des groupes internationaux tels que Colgate-Palmolive et Unilever, et à Paris pour Bouygues Construction, Avril (énergie renouvelable) et l’Occitane. Elle collabore également comme Senior Advisor pour des cabinets de conseil en stratégie et enseigne les “achats régénératifs” au sein du Master Achat Supply Chain, ainsi qu’à la Grande Ecole de l’Essec.
 

Une réaction à partager ? Laissez votre commentaire
Le Journal de l'Economie est un quotidien d'information économique en ligne, fondé en 2013 par VA Press. VA Press est le premier éditeur d’information francophone entièrement dédié à l'univers corporate proposant un positionnement éditorial hybride entre l'information et la réflexion.
Suivez-nous sur Google NewsJournal de l'Économie. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Laisser un commentaire

Share to...