La fiscalité sur les successions en France fait souvent jaser et attise bien des interrogations. Dans un pays où les taxes sur l’héritage se situent parmi les plus élevées d’Europe, le sujet touche directement un grand nombre de citoyens. Récemment, Yaël Braun-Pivet, qui préside l’Assemblée nationale, a attisé la colère en laissant entendre qu’il pourrait y avoir une taxe en plus sur les héritages – elle a même parlé de « truc qui tombe du ciel ». Cette remarque intervient alors que le vote du budget pour 2026 pourrait bien amener des changements dans nos règles fiscales.
Comment ça se passe aujourd’hui ?
En France, la fiscalité sur les donations et les héritages représente 1,4 % des recettes fiscales totales. Pour vous donner une idée, le Royaume-Uni n’en tire que 0,7 %, l’Allemagne 0,5 % et l’Italie seulement 0,1 %. Ça montre bien que la France mise beaucoup sur cette source de revenus. Actuellement, 87 % des successions entre parents et enfants bénéficient d’exonérations grâce à des abattements généreux :
- 100 000 euros par enfant
- 15 932 euros par frère ou sœur
- 7 967 euros par neveu ou nièce
- 1 594 euros pour tout autre héritier
Les droits de succession sont calculés selon un barème progressif, disponible sur le site Service Public. Par exemple, pour la tranche allant jusqu’à 8 072 euros, le taux d’imposition est de 5 %. Pour les montants entre 8 073 et 12 109 euros, il passe à 10 %. Puis il atteint 15 % pour les sommes comprises entre 12 110 et 15 932 euros. Au-delà, pour des montants allant jusqu’à 552 324 euros, c’est 20 %, puis 30 % jusqu’à 902 838 euros, 40 % jusqu’à 1 805 677 euros et enfin 45 % pour les montants supérieurs.
Illustrations concrètes
Pour mieux comprendre, prenons l’exemple cité sur RMC. Une maison d’une valeur de 300 000 euros partagée entre trois enfants ne donne lieu à aucune imposition puisque chacun bénéficie de son abattement non imposable de 100 000 euros. Par contre, si cette même maison est léguée à un seul enfant, il devra payer pour les 200 000 euros restants, ce qui représente environ 40 000 euros d’imposition au taux de 20 %.
Pour une propriété évaluée à 400 000 euros, si elle est partagée entre quatre enfants, chacun retrouve son abattement et ne paie pas d’impôt. Mais si un seul enfant hérite de ce bien, il sera taxé sur les 300 000 euros restants, ce qui lui coûtera environ 58 000 euros.
Les donations : un coup de pouce intéressant
Les donations profitent également d’abattements fiscaux qui se renouvellent tous les quinze ans. Par exemple, on peut donner jusqu’à 100 000 euros à un enfant. De plus, une majoration de donation pouvant aller jusqu’à 31 865 euros est applicable si celle-ci est faite avant d’avoir 80 ans. Depuis le début 2025, une nouvelle exonération permet que les dons destinés à financer l’achat d’une résidence principale ou à réaliser des travaux énergétiques soient exempts d’impôt, à condition de respecter des exigences précises.
L’assurance-vie : une solution bien jugée
L’assurance-vie reste une option souvent privilégiée pour organiser la transmission de son patrimoine. Elle permet aux bénéficiaires d’être totalement exonérés si le montant transmis ne dépasse pas les seuils fixés avant 70 ans (152 500 euros par bénéficiaire sans imposition directe ; pour des montants plus importants, une taxation progressive s’applique : jusqu’à 700 000 euros à 20 %, et au-delà à 31,25 %).
Les discussions récentes autour d’une éventuelle hausse de la fiscalité sur l’héritage font donc réagir et relancent le débat sur la réforme des successions, notamment quand il s’agit de transmissions familiales, qu’elles soient importantes ou plus modestes.



