Le déclencheur a été l’annonce de l’augmentation du taux de dépôt en juillet, mais le phénomène est d’ampleur.
Le marché prend conscience d’un désalignement de planètes jusque-là parfaitement alignées pour la valorisation croissante et mécanique de ses actifs.
Une croissance mondiale attendue divisée par deux et une inflation multipliée par quatre.
Le cycle de baisse des taux d’intérêt entamé depuis plus de 30 ans a pris fin et il va falloir s’adapter.
Cette remontée des taux s’évertue à maîtriser une hausse de l’inflation record aux États-Unis et en Europe, en premier chef.
La hausse la plus élevée depuis 40 ans.
Aux États-Unis elle atteint 8,6 % sur douze mois glissants à niveau quasiment égal avec la zone euro.
Les États-Unis se disent prêts à risquer une récession pour contenir l’inflation ; la BCE, l’Angleterre, la Suisse, l’Australie, l’Inde lui emboitent le pas (pour le moment) ; seules la Chine et la Russie ont, intervention en Ukraine pour l’une et confinement « dur » pour l’autre, opté pour le maintien de politiques accommodantes.
La conséquence la plus tangible a été l’envolée des swaps de taux qui ont pris de court l’ensemble du marché.
L’anticipation de la remontée des taux, mais surtout l’anticipation du risque que cette remontée représente pour des entreprises fortement endettées et dont les marges sont déjà restreintes.
Enfin un système bancaire qui rechigne à prêter et qui a peiné récemment à syndiquer ses dettes.
L’immobilier est protégé en théorie de l’inflation par l’indexation de ses revenus et les marchés financiers vont scruter la vitesse de relèvement des loyers pour établir leurs anticipations de cours pour les foncières cotées.
Mais nul ne sait aujourd’hui jusqu’où les loyers pourront être relevés si nous rentrons dans une phase de ralentissement de l’économie.
Il faudrait dans l’absolu que cette augmentation soit en ligne avec une augmentation des chiffres d’affaires et des marges des locataires pour être totalement pérenne.
La remontée des swaps a immédiatement impacté les modélisations des investisseurs, mais à des degrés très différents selon les acteurs, leur niveau de fonds propres et leur résilience.
Le marché reste donc dans l’expectative avant la rentrée de septembre qui devrait donner le « la » et comme toujours c’est la FED et la BCE qui en détiennent plus ou moins les clés.
Comment arrêter la bulle spéculative de valorisation des actifs sans provoquer une récession et ses effets domino ; c’est l’équation à laquelle doivent répondre les banques centrales ?
Une chose est sûre, l’augmentation mécanique et automatique des valeurs d’actifs est bel et bien derrière nous et beaucoup de modèles économiques qui avaient brillé devront se réinventer pour survivre sans cette manne céleste.
Autre conséquence induite, l’épargnant va se faire ratiboiser par l’inflation avec un choix cornélien : voir son épargne se déprécier ou prendre des risques qu’il n’aurait pas pris spontanément, dans cette période.
Les acteurs vont s’adapter à cette nouvelle équation économique. Les marchés semblent s’entendre sur le niveau auquel les taux devraient se stabiliser, mais cette remontée des taux pourrait ne pas suffire à juguler l’inflation.
La fête est finie, sans aucun doute, mais le pire n’est pas certain. Personne n’imagine aujourd’hui la FED ou la BCE poussant leurs économies dans les vents imprévisibles de la récession.
La Fed a indiqué qu’elle saurait se montrer pragmatique et agile, n’en doutons pas et surtout espérons….
Guillaume VétillardnnAREIMA FRANCE
Of Counsel –Real Estate Director
Hausse des taux d’intérêt – la fête est-elle vraiment finie ?
La très forte tension sur les taux ces dernières semaines a provoqué l’intervention de la banque centrale européenne obligée de contenir les écarts entre les différents pays européens, l’Italie tout particulièrement.
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