Immobilier : Paris bloque le coliving

En décidant de dire « non » au coliving, la Ville de Paris vient de poser un acte fort dans la régulation du marché immobilier. Derrière cette interdiction symbolique, c’est tout un modèle économique, celui de la rentabilisation extrême du logement urbain, qui se retrouve remis en cause.

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Le 8 octobre 2025, le Conseil de Paris a adopté un vœu baptisé « zéro coliving », marquant la volonté de la municipalité de stopper le développement de ces résidences partagées haut de gamme. La mairie estime que le coliving, pourtant en plein essor, participe à la spéculation immobilière et accentue la crise du logement.

Le coliving, une dérive du marché du logement ?

Depuis plusieurs années, le coliving s’impose comme la nouvelle tendance de l’immobilier urbain. Destiné aux jeunes actifs, il associe petites chambres privées, services mutualisés et loyers tout compris. Mais à Paris, cette formule a vite dérivé vers des prix inaccessibles. Selon TF1 Info, certaines chambres de 20 m² s’y louent jusqu’à 1 850 euros par mois.

Pour la mairie, ce modèle dénature la vocation résidentielle de la capitale. « Il suffit de mettre trois rameurs de sport dans une salle commune pour appliquer un complément de loyer qui échappe à l’encadrement », ironise Ian Brossat, adjoint au logement. Les autorités municipales dénoncent un système qui permet de contourner la régulation des loyers tout en profitant des failles juridiques de la classification d’usage.

La délibération adoptée en octobre par le Conseil de Paris, intitulée « Zéro co-living », acte ainsi une orientation claire : plus aucun projet de coliving ne sera désormais accepté sur le territoire parisien. Les opérateurs seront informés du « refus systématique » de la municipalité. Parallèlement, un renforcement des contrôles est prévu pour éviter la transformation de logements traditionnels en résidences semi-hôtelières.

Un choc pour les investisseurs et le marché de l’immobilier parisien

Le blocage du coliving intervient dans un contexte de fortes tensions sur l’offre locative. Le Monde rappelle que 8 000 logements sortent chaque année du parc privé parisien, et que ce chiffre pourrait atteindre jusqu’à 20 000 en 2025. Pour les élus, laisser se multiplier les colivings reviendrait à accélérer ce phénomène, au détriment des classes moyennes et populaires.

Mais pour les investisseurs, cette décision est un coup dur. Le coliving représentait près de la moitié des investissements dans les résidences gérées en 2023, selon Le Monde. Cette même année, plus de 430 millions d’euros ont été injectés dans ce segment, désormais considéré comme l’un des plus rentables de l’immobilier tertiaire résidentiel. En bloquant ce levier de croissance, Paris envoie un signal fort au marché : la priorité politique ne sera plus la rentabilité, mais la régulation.

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