Une taxation qui inquiète le secteur aérien
La mesure, destinée à renforcer les finances publiques et à encourager la lutte contre le changement climatique, pourrait selon les compagnies aériennes et les élus ultramarins aggraver les inégalités territoriales et nuire à la compétitivité des entreprises françaises face à leurs rivales européennes.
La décision du gouvernement d’augmenter la taxe sur la solidarité des billets d’avion (TBSA), instaurée en 2006 pour financer la lutte contre le Sida, soulève une vive opposition dans le secteur aérien. Benjamin Smith, directeur général d’Air France-KLM, a exprimé son inquiétude face à l’impact de cette mesure sur la compétitivité de sa compagnie. « L’impact serait significatif sur la compétitivité de nos compagnies, Air France, KLM et Transavia », a-t-il déclaré. Bien que la mesure ne soit pas encore officiellement intégrée dans le Projet de loi de finances, le gouvernement a confirmé son intention de l’introduire par voie d’amendement, provoquant des remous dans le secteur.
L’objectif affiché de cette hausse est de récolter un milliard d’euros supplémentaires pour le budget de l’État. Toutefois, pour Benjamin Smith, cette mesure place la France en tête des pays européens qui taxent le plus le transport aérien. « Les compagnies françaises ne cessent de perdre du terrain face à des concurrents bénéficiant d’un environnement fiscal et réglementaire plus favorable », a-t-il dénoncé, soulignant les distorsions de concurrence qui affectent particulièrement Air France.
Les territoires d’outre-mer craignent une fracture territoriale accrue
La grogne ne se limite pas aux grandes compagnies aériennes. Les opérateurs desservant les territoires d’outre-mer expriment également leur colère, estimant que la hausse de la taxe met en péril la continuité territoriale entre la France métropolitaine et les départements et régions d’outre-mer (DROM). Air Caraïbes a tiré la sonnette d’alarme, estimant que cette mesure entraînerait une flambée des prix des billets, rendant encore plus difficile l’accès des Ultramarins à la métropole.
Les chiffres avancés sont alarmants : sur un vol Pointe-à-Pitre/Paris, la taxe pourrait passer de 7,50 euros à 60 euros en classe économique, et atteindre 200 euros en classe affaires, selon une estimation de la chaîne Outre-Mer La 1ère. Une telle hausse serait particulièrement pénalisante pour des territoires où l’avion est le seul moyen de transport reliant les habitants au reste du pays.
Face à cette situation, les élus ultramarins, notamment à La Réunion, ont appelé le gouvernement à exempter les territoires d’outre-mer de cette mesure. « L’augmentation de cette taxe porte directement atteinte aux conditions de circulation des citoyens ultramarins », a déclaré le conseil régional de La Réunion dans un communiqué, mettant en lumière la nécessité de préserver la continuité territoriale.
Alors que le gouvernement défend cette réforme à des fins budgétaires et écologiques, les opposants dénoncent une mesure injuste qui risquerait d’accroître les inégalités territoriales et de pénaliser un secteur aérien déjà fragilisé. Entre la compétitivité des compagnies françaises et l’accès aux transports pour les citoyens ultramarins, la hausse de la taxe Chirac fait planer un climat de tensions qui ne cesse de grandir.