Des défaillances d’entreprises en forte hausse
Le dernier rapport du cabinet Altares dresse un tableau préoccupant de l’économie française. Le nombre de défaillances d’entreprises a bondi de 23,4 % au second trimestre 2024, atteignant 16.371 contre 13.266 à la même période en 2023. Thierry Millon, directeur des études chez Altares, a qualifié ce trimestre de « terrible », le comparant aux crises financières de 2009 et des dettes souveraines de 2012-2013. En conséquence, près de 69.000 emplois sont menacés ce trimestre, avec une projection de plus de 220.000 emplois à risque pour l’année 2024.
Les micro-entreprises sont les plus touchées, représentant 75 % des défaillances, avec une augmentation de 26 %. Les PME de 50 à 99 salariés ne sont pas épargnées, affichant une hausse de 48 % des défauts et une poussée de 91 % des liquidations judiciaires. Ces chiffres révèlent une situation particulièrement difficile pour le secteur du transport et celui de la sécurité privée.
La situation économique actuelle est aggravée par une conjoncture politique instable. La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a semé la confusion parmi les chefs d’entreprise, qui réclament de la stabilité pour naviguer dans cette période trouble. Les organisations patronales, telles que le Medef, la CPME et l’U2P, appellent à des mesures pour clarifier l’avenir économique du pays.
La bombe des PGE
Le gouvernement de Gabriel Attal, sur le départ, pourrait laisser un dossier explosif à son successeur. Les mesures de soutien mises en place pendant la pandémie, comme les prêts garantis par l’État (PGE) et les reports de cotisations sociales, ont temporairement évité des faillites massives. Cependant, la fin progressive de ces aides et l’arrivée des échéances de remboursement mettent les entreprises sous une pression immense. « La croissance positive ne permet pas de dégager des résultats suffisants pour investir et rembourser les PGE », explique Thierry Millon.
Le secteur du bâtiment est particulièrement affecté par cette crise. Les carnets de commande en baisse et le durcissement des conditions financières ont plongé ce secteur dans le rouge. L’immobilier est en situation de crise, avec une répercussion en cascade sur tous les acteurs, notamment la maçonnerie, qui enregistre le plus grand nombre de faillites.
D’autres secteurs, comme le commerce de véhicules automobiles, la pharmacie et les entreprises de traitement des déchets, subissent également de plein fouet cette conjoncture défavorable. La Banque de France prévoit une croissance atone du PIB de seulement 0,1 % au second trimestre 2024, reflétant les incertitudes économiques.
Les perspectives pour le reste de l’année 2024 ne sont guère encourageantes. Altares table sur 64.000 défaillances d’entreprises, un chiffre proche du record de 2014. L’espoir repose en partie sur l’impact positif des Jeux Olympiques de 2024 à Paris et une reprise de la consommation. Toutefois, il est crucial que le secteur de la construction ne s’effondre pas davantage pour éviter une crise économique encore plus grave.