Les revenus des livreurs en baisse malgré un salaire minimum garanti

Une nouvelle enquête met en lumière une baisse des revenus des livreurs de plateformes malgré l’instauration d’un revenu minimal horaire. Certains livreurs, notamment chez Uber Eats, touchent moins que le SMIC une fois les temps d’attente pris en compte.

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Les revenus des livreurs en baisse malgré un salaire minimum garanti
Les revenus des livreurs en baisse malgré un salaire minimum garanti - © journaldeleconomie.fr

Les revenus des livreurs peinent à dépasser le SMIC

Depuis 2023, les plateformes de livraison comme Uber Eats, Deliveroo ou Stuart sont légalement tenues de garantir un revenu minimal horaire de 11,75 euros brut aux livreurs. Pourtant, une étude récente menée par l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE) montre que ces travailleurs, autoentrepreneurs pour la majorité, peinent encore à toucher des revenus satisfaisants. Les résultats de l’enquête, publiée en mai 2024, révèlent une baisse des revenus moyens des livreurs depuis 2021, et ce, quel que soit le prestataire.

L’étude met en avant des disparités importantes selon les plateformes, notamment en prenant en compte le temps d’attente entre les livraisons, souvent sous-estimé. Ainsi, chez Deliveroo, les livreurs bénéficient en moyenne d’un revenu horaire brut de 16,8 euros, tandis que ceux travaillant pour Uber Eats perçoivent en moyenne 10,1 euros, soit moins que le SMIC, fixé à 11,65 euros brut. Cette situation s’explique par la nécessité pour les livreurs d’attendre de longues périodes entre les commandes, périodes non rémunérées par les plateformes.

« Cette tendance trouve écho dans les témoignages des livreurs recueillis par l’ARPE lors de rencontres sur le terrain », explique Joël Blondel, directeur général de l’autorité. Ces travailleurs expriment une vive inquiétude quant à la dégradation de leurs conditions économiques, particulièrement marquée en 2023. En plus des faibles rémunérations, les livreurs doivent également assumer des frais importants, tels que l’entretien de leur véhicule, l’assurance, ainsi que des cotisations sociales.

Un équilibre difficile à maintenir

Les plateformes, bien que soumises à l’obligation de garantir un revenu minimum, ne prennent pas en charge les périodes d’inactivité des livreurs. Pour atteindre un revenu décent, ces derniers devraient accepter l’intégralité des commandes qui leur sont proposées, une exigence difficile à tenir au quotidien. D’autant que l’attente entre les missions a augmenté entre 2022 et 2023, contribuant ainsi à la diminution des revenus moyens, comme l’indique l’ARPE dans son rapport.

Cette situation n’est pas isolée aux livreurs : l’enquête de l’ARPE s’est également penchée sur les revenus des chauffeurs VTC, qui font face à des évolutions similaires. Si certains services premium, comme Allocab ou Blacklane, ont vu une augmentation de la rémunération, d’autres plateformes majeures comme Uber ou Bolt enregistrent des stagnations des revenus, n’évoluant pas au rythme de l’inflation. Des accords ont bien été signés en décembre 2023 pour augmenter les rémunérations, mais la réalité économique de ces travailleurs reste fragile.

Cette enquête soulève des questions sur le modèle économique des plateformes et sur la protection des travailleurs indépendants. Tandis que les plateformes cherchent à optimiser leurs profits, les livreurs, eux, doivent jongler entre de faibles rémunérations et des coûts toujours plus élevés. Pour l’ARPE, « c’est un sujet qui doit questionner les partenaires », aussi bien du côté des plateformes que des syndicats de travailleurs. Les négociations futures devront sans doute s’intensifier pour améliorer la situation de ces travailleurs essentiels mais précarisés.

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