Christine Lagarde appelle à renforcer le rôle international de l’euro

La présidente de la BCE a présenté l’euro comme un outil de stabilisation permettant à l’Union européenne de mieux gérer les risques liés à la volatilité des marchés.

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La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a défendu le 26 mai 2025 une stratégie visant à renforcer le rôle international de l’euro. Dans un discours tenu à la Hertie School de Berlin, elle a estimé que la fragmentation croissante de l’économie mondiale et l’instabilité du cadre multilatéral traditionnel offraient une opportunité pour l’Union européenne de développer un usage accru de sa monnaie commune à l’échelle globale.

Un environnement économique global en mutation

Christine Lagarde a souligné que « l’ordre économique mondial est en train de se fracturer », en raison notamment du retour de politiques protectionnistes, et a évoqué une remise en cause des mécanismes de coopération internationale établis après la Seconde Guerre mondiale. Selon elle, cet environnement en recomposition pourrait « ouvrir la voie à un rôle international accru pour l’euro », dans la mesure où la stabilité de la zone euro, la profondeur de son marché intérieur et son poids économique en font un acteur crédible.

Dans son discours, relayé notamment par Boursier, elle a rappelé que l’économie européenne avait jusqu’à présent tiré profit d’un système fondé sur l’ouverture et le multilatéralisme, mais que ces fondements sont aujourd’hui mis à l’épreuve par des politiques unilatérales et la montée des tensions commerciales.

Une ambition stratégique conditionnée à des réformes structurelles

Pour Christine Lagarde, l’euro dispose d’un potentiel encore sous-exploité. Elle a indiqué que la monnaie européenne représente aujourd’hui environ 20 % des réserves internationales de change, loin derrière le dollar américain, qui en capte 58 %, comme le souligne de son côté BFMTV. Elle a estimé que cette situation pourrait évoluer si certaines conditions sont réunies.

Elle a mentionné en particulier la nécessité pour l’Union européenne de renforcer son intégration économique et financière. Elle a souligné l’importance d’un « marché des capitaux plus profond et plus liquide », de fondements juridiques consolidés, et d’un engagement commun en faveur du libre-échange et de la sécurité économique.

Lagarde a déclaré que « l’Europe doit prendre davantage en main son destin », tout en précisant que cela ne pourra être réalisé que si les États membres « parlent d’une seule voix » et renforcent les instruments collectifs nécessaires à la stabilité monétaire et à l’influence internationale.

Un levier pour l’autonomie économique de l’Union européenne

La présidente de la BCE a présenté l’euro comme un outil de stabilisation permettant à l’Union européenne de mieux gérer les risques liés à la volatilité des marchés, aux flux de capitaux et aux sanctions extraterritoriales. Elle a indiqué qu’un rôle plus affirmé de l’euro pourrait « protéger l’Europe contre des flux de capitaux plus volatils », « stimuler la demande européenne » et, à terme, « permettre à l’Europe de mieux contrôler son propre destin ».

Ce positionnement s’inscrit dans une réflexion plus large sur la souveraineté économique de l’Union, dans un contexte où plusieurs grandes zones monétaires développent des stratégies d’autonomie accrue vis-à-vis du dollar, à la faveur des tensions géopolitiques et du déclin relatif du multilatéralisme.

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