Frais abusifs des compagnies aériennes sur les bagages cabine: des associations saisissent Bruxelles

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Frais abusifs des compagnies aériennes sur les bagages cabine: des associations saisissent Bruxelles | journaldeleconomie.fr

C’est une habitude devenue quasi systématique : payer pour emporter un bagage en cabine. Mais selon plusieurs associations de consommateurs européennes, cette pratique est illégale. Elles appellent Bruxelles à intervenir.

Près de 280 euros pour une valise cabine un peu trop large. Des frais qui explosent. Et des passagers qui paient… parfois sans même comprendre pourquoi.

Sept compagnies aériennes pointées pour facturation abusive

Le mercredi 21 mai 2025, seize regroupements de défense des intérêts citoyens, dont UFC-Que Choisir et la CLCV en France, ont déposé une plainte commune contre sept compagnies aériennes à bas prix. Ciblées : EasyJet, Norwegian, Ryanair, Transavia, Volotea, Vueling et Wizzair. L’action vise directement leur politique de facturation des bagages à main, jugée contraire au droit européen. Les associations ont saisi la Commission européenne, la DGCCRF et le réseau des autorités de protection des consommateurs (CPC), dénonçant des « pratiques commerciales illégales ».
Le cœur du litige repose sur un arrêt de 2014 de la Cour de justice de l’UE, qui stipule que « le transport de bagages à main ne peut pas être soumis à un supplément de prix », tant que les dimensions et le poids sont raisonnables et qu’ils respectent les normes de sécurité.

Les associations dénoncent des frais qui s’ajoutent au prix du billet, souvent sans réelle transparence. Chez Ryanair, l’option « bagage cabine » est présentée à partir de 18 euros, mais coûte généralement plus une fois la réservation finalisée. Chez EasyJet, la somme atteint 43 euros, contre 36 euros chez Ryanair et 23 euros chez Volotea. Le record revient à Vueling, où la note peut grimper à 280 euros si les dimensions fixées par la compagnie ne sont pas respectées.
Autre grief : le manque d’harmonisation des règles d’une compagnie à l’autre, en particulier sur les dimensions admises. Un bagage accepté chez l’un peut être facturé chez l’autre. Résultat : des passagers perdus, et des frais supplémentaires en cascade.

Une source de revenus majeure pour les compagnies

Derrière ces options payantes se cache un modèle économique bien rôdé. Selon une étude relayée par Corriere della Sera, les frais sur les bagages à main auraient rapporté plus de 10 milliards d’euros aux compagnies européennes en 2024. Le journal italien précise qu’un vol avec 120 bagages cabines représente un coût supplémentaire de 156 euros en carburant, contre 3 000 euros de revenus générés, soit une marge brute de 2 844 euros.
Dans un communiqué transmis au Figaro, Ryanair défend son modèle : la compagnie assure que sa politique respecte les règles européennes, et qu’elle permet aux passagers d’emporter un « bagage personnel de taille généreuse » gratuitement. Elle justifie la facturation des bagages cabines par la nécessité de maintenir « les prix de base les plus bas ».

La démarche des associations intervient alors que la Commission européenne prépare une révision du règlement sur les droits des passagers aériens. Une réforme qui pourrait redéfinir les services inclus dans le prix de base d’un billet. Pour l’UFC-Que Choisir, c’est l’occasion de clarifier ce que doit comprendre un billet low-cost : un siège, un transport… et un bagage cabine.
Certaines autorités ont déjà sévi. Fin 2024, l’Espagne a infligé 179 millions d’euros d’amendes à cinq compagnies (Ryanair, Vueling, EasyJet, Volotea et Norwegian). Plus récemment, un tribunal espagnol a ordonné à Ryanair de rembourser un passager 150 euros, perçus pour des frais de bagages sur cinq vols.
Mais à l’échelle européenne, le flou persiste. Et les passagers continuent de régler des suppléments sur un service que la justice considère pourtant comme « essentiel au transport aérien ».

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